Communiqué de presse

Philippines. Les autorités doivent libérer un prisonnier d’opinion, les charges retenues contre lui ayant été abandonnées

Un poète et militant philippin détenu sur la base d’accusations forgées de toutes pièces pendant près de deux ans doit être remis immédiatement en liberté, a déclaré Amnesty International, soulignant que le ministère philippin de la Justice a abandonné toutes les charges retenues contre lui.

Ericson Acosta a été arrêté dans la province de Samar le 13 février 2011 par l’armée. Il a fini par être inculpé de détention illicite d’explosifs.

Toutefois, le gouvernement philippin a annoncé qu’il allait être libéré ; le ministère de la Justice a ordonné le 31 janvier au procureur de la province de Samar d’abandonner toutes les charges retenues contre lui, évoquant les « graves irrégularités » qui ont marqué son arrestation et sa détention par les militaires.

« C’est une très bonne nouvelle, non seulement pour Ericson Acosta, mais aussi pour la responsabilisation et la justice aux Philippines. Il doit être libéré sans plus attendre, a déclaré Isabelle Arradon, directrice adjointe d’Amnesty International pour la région Asie-Pacifique.

« En fait, il n’aurait jamais dû être arrêté. Les accusations portées contre lui étaient pour le moins fallacieuses, illustrant la volonté des autorités de réduire au silence un militant pacifique. »

Lorsqu’Ericson Acosta a été interpellé en février 2011, il a été conduit dans un camp de l’armée où les militaires chargés de l’interroger l’ont menacé de mort s’il n’avouait pas son appartenance au Parti communiste des Philippines (CPP), formation liée au groupe armé rebelle de la Nouvelle Armée du peuple (NPA).

Quelques jours plus tard, il était inculpé de détention illégale d’explosifs.

Bien que la Loi sur la rapidité des procès fixe à 180 jours le laps de temps maximum entre la mise en accusation et le procès, Ericson Acosta est maintenu en détention depuis février 2011.

Amnesty International l’a adopté en tant que prisonnier d’opinion début 2012 et mène campagne pour sa remise en liberté depuis cette date.

« Le traitement réservé à Ericson Acosta en détention bafoue sans conteste le droit philippin et les normes internationales relatives aux droits humains, ce que le ministère de la Justice a fini par reconnaître, a indiqué Isabelle Arradon.

« Hélas, ces méthodes correspondent à une pratique inquiétante aux Philippines, où les autorités se servent trop souvent du système judiciaire et d’accusations fallacieuses pour harceler les défenseurs des droits humains et les militants. »

Après l’annonce faite par le ministère de la Justice, s’adressant aux membres de la campagne « Libérez Ericson Acosta », mouvement local qui mène activement campagne en faveur de sa libération, Ericson Acosta a déclaré :

« En prison, j’avais très envie de voir la mer et le ciel. La liberté ne s’obtient pas par l’envie, mais par la lutte.

« Je tiens à remercier personnellement tous ceux qui se sont mobilisés pour ma libération : ma famille, mes avocats, mes amis, mes anciens camarades de classe et collègues, mes confrères et consœurs artistes, et les défenseurs des droits humains.

« L’arrestation injustifiée et la torture ne cessent de tourmenter les prisonniers politiques incarcérés. Ils deviennent de facto des criminels et des terroristes, privés des garanties prévues par la loi, à la merci des militaires. Cette injustice doit cesser. »

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