Philippines. Les nombreux attentats perpétrés à Mindanao constituent des attaques illégales contre des civils

Déclaration publique

ÉFAI-
7 juillet 2009

Amnesty International condamne les cinq attentats à la bombe qui se sont produits dans plusieurs régions de Mindanao. Au moins douze personnes ont été tuées et environ quatre-vingt-dix ont été blessées. Il s’agissait pour la plupart de civils. Les auteurs de ces attentats ont choisi de prendre pour cibles des civils qui vaquaient à leurs occupations quotidiennes dans des centres villes et des lieux publics animés. Cela démontre leur mépris des principes d’humanité les plus élémentaires.

De telles attaques délibérées contre des civils ne peuvent en aucun cas se justifier. Le droit des personnes à la vie doit être protégé à tout moment et la population civile ne doit jamais être traitée comme un moyen dont on peut user à sa guise pour atteindre un objectif politique ou idéologique. Amnesty International a toujours condamné les attaques contre des civils ainsi que les attaques menées sans discrimination, qu’elles soient le fait de groupes armés ou de troupes gouvernementales, dans la région ou ailleurs.

Les attentats se sont produits à Datu Piang, Maguindanao, Cotabato City, Lligan City et Kauswagan, dans la province de Lanao del Norte, sur l’île de Jolo et dans l’archipel de Sulu – dans des villes de grande et moyenne importance qui ont toutes connu des attaques et des attentats par le passé dans le cadre du conflit armé en cours entre le gouvernement philippin et le Front de libération islamique moro (MILF) et d’autres groupes armés comme Abu Sayyaf.

Aucun groupe armé n’a revendiqué la responsabilité de ces attentats. Des responsables militaires philippins accusent le MILF d’avoir perpétré les attentats de Cotabato et de Maguindanao. Les dirigeants MILF de leur côté ont nié toute responsabilité, accusant les militaires d’en être les auteurs et affirmant que les attentats ne sont que la partie visible d’un « plan plus vaste ».

Pour l’armée philippine, le groupe armé Abu Sayyaf serait responsable de l’attentat de Sulu. Bien qu’il n’y ait pas de lien manifeste entre les attentats à la bombe qui se sont produits sur l’île principale de Mindanao et l’explosion sur l’archipel de Sulu, l’armée considère que le groupe armé régional Jemaah Islamiyah pourrait être lié aux attentats ; selon ses services de renseignements, les membres de ce groupe auraient formé à la fabrication de bombes des groupes insurgés armés à Mindanao. Amnesty International lance un appel pour que cessent immédiatement les attentats à la bombe et autres attaques prenant pour cible des civils, ainsi que toutes les attaques sans discrimination. L’organisation rappelle à toutes les parties au conflit armé qu’elles ont l’obligation de se conformer aux règles du droit international humanitaire et notamment à l’article 3 commun aux Conventions de Genève de 1949, qui interdit toute attaque des personnes «  qui ne participent pas directement aux hostilités ».

Le gouvernement philippin doit mener dans les meilleurs délais des enquêtes indépendantes sur les attentats et juger les responsables de ces violences lors de procès répondant aux normes internationales d’équité des procès. Il ne doit pas réagir aux attentats en prenant des mesures qui violeraient elles-mêmes des droits humains.

Information complémentaire

Le 4 juillet, vers 18h45, un engin explosif artisanal a sauté à une centaine de mètres de la résidence du maire de Datu Piang, dans la province de Maguindanao, dans le centre de Mindanao, blessant trois personnes.

Le 5 juillet, vers 8h40, une bombe a explosé dans une rue de Cotabato City, dans le centre de Mindanao, devant la cathédrale de l’Immaculée Conception. Six personnes ont été tuées, parmi lesquelles un garçon de onze ans et un bébé de quinze mois. Au moins 34 personnes ont été blessées, parmi lesquelles deux enfants, âgés de onze et neuf ans, frère et sœur du bébé.

Le 6 juillet à 23 heures, deux engins explosifs qui avaient été fixés avec plusieurs autres à une tour de la centrale électrique de Kauswagan, dans la province de Lanao del Norte, dans le centre nord de Mindanao, ont sauté . Aucune victime n’a été signalée.

Le 7 juillet, à 7h45, un explosif placé sur une moto garée près de l’église du Mont Carmel à Jolo, dans l’archipel de Sulu, a fait six morts et une quarantaine de blessés. Deux autres explosifs de même type , cachés dans des boîtes, ont été désamorcés dans la même zone.

Le même jour, à 10h30 à llegan City, une bombe placée dans une voiture garée près des quais de la ville a explosé, blessant seize personnes dont trois soldats. Une jeep de l’armée était garée à côté du véhicule où la bombe avait été placée.

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