Phyoe Phyoe Aung, « The Unity 5 », et des manifestants libérés !

Au Myanmar, un pas en avant pour les droits humains a été accompli avec la libération de plusieurs dizaines de manifestants et manifestantes du monde étudiant (dont Phyoe Phyoe Aung) et, neuf jours plus tard, des journalistes du journal Unity.

Le tribunal de Tharawaddy a abandonné vendredi 8 avril les charges retenues contre un grand nombre d’étudiants et étudiantes qui risquaient la prison pour le seul fait d’avoir participé, en mars 2015, à des manifestations le plus souvent pacifiques. Un peu plus tard dans la journée, Phyoe Phyoe Aung, qui était détenue pour avoir organisé des manifestations, a également été remise en liberté, plus d’un an après son incarcération.

Des sympathisants d’Amnesty dans le monde entier ont écrit plus de 394 000 lettres, courriels et tweets, entre autres, en faveur de Phyoe Phyoe Aung au cours de notre marathon des lettres organisé à l’échelle mondiale et baptisé Écrire pour les droits.

Alors qu’elle était encore détenue, Phyoe Phyoe Aung nous avait dit : « Je vous remercie tous infiniment pour le soutien que vous nous avez apporté, à moi et à notre mouvement. Recevoir des lettres est une réelle source d’inspiration pour notre action. J’ai commencé à comprendre que le monde nous regardait et nous encourageait, que nous n’étions pas seuls. »

« La libération de la plupart des jeunes manifestants est un grand pas avant pour les droits humains au Myanmar, et nous nous réjouissons de savoir que ces hommes et ces femmes vont être désormais libres de leurs mouvements  », a déclaré Laura Haigh, chercheuse d’Amnesty International sur le Myanmar.

« Cela témoigne de l’intention du nouveau gouvernement de mettre fin au cycle des arrestations et des placements en détention motivés par des considérations politiques. Nous attendons maintenant la libération de tous les autres prisonniers d’opinion, y compris les étudiants et étudiantes poursuivis devant d’autres tribunaux. Le nouveau gouvernement doit s’assurer que plus personne ne reste en prison pour ses opinions au Myanmar. »

Phyoe Phyoe Aung, l’une des chefs de file des étudiants, a aidé à organiser une série de défilés de protestation contre une nouvelle loi qui, selon les étudiants, limitait les libertés académiques. En mars 2015, alors que les manifestants se rapprochaient de Yangon, la plus grande ville du pays, ils ont été bloqués par des policiers qui les ont frappés à coups de matraque avant de les arrêter.

Phyoe Phyoe Aung et plus de 100 autres militants étudiants ont été inculpés de toute une série d’infractions pénales contestables. Plusieurs de ces manifestants, dont Phyoe Phyoe Aung, risquaient plus de neuf ans d’emprisonnement.

Les journalistes du journal Unity, Lu Maw Naing, Yarzar Oo, Paing Thet Kyaw, Sithu Soe et le président-directeur général du journal, Tint San, ont été libérés de la prison de Pakokku, dans la région de Magway au Myanmar, le 17 avril. Ils ont été libérés à la faveur d’une grâce présidentielle dont 83 détenus ont bénéficié, notamment des prisonniers d’opinion pour lesquels Amnesty International a fait campagne.

Ces cinq hommes avaient été arrêtés entre le 31 janvier et le 1er février 2014, après la publication dans Unity, le 25 janvier, d’un article portant sur l’existence présumée d’une usine secrète d’armes chimiques dans la municipalité de Pauk (district de Pakokku, région de Magway). Ils ont été inculpés de « révélation de secrets d’État, violation du périmètre protégé de l’usine, prise de photographies et complicité », au titre de l’article 3(1) A/9 de la Loi relative aux secrets d’État. Le 10 juillet 2014, le tribunal du district de Pakokku les a condamnés à une peine de 10 ans d’emprisonnement assortie de travaux forcés, qui a été réduite en appel à sept ans d’emprisonnement avec travaux forcés.

La libération des étudiants, de Phyoe Phyoe Aung et des journalistes et du président-directeur de Unity adresse un message encourageant au sujet de la volonté du nouveau gouvernement de mettre fin, au Myanmar, aux arrestations et détentions pour motifs politiques. Mais il reste encore beaucoup à faire, et Amnesty International va continuer de mener campagne pour la libération de tous les autres prisonniers d’opinion, afin qu’aucun d’eux ne reste derrière les barreaux.

« Certes, ces libérations ne sont qu’une première étape : la Ligue nationale pour la démocratie (NLD) doit aussi réformer la législation répressive du pays, qui a trop longtemps servi à réprimer l’opposition. Tant que ces lois restent en vigueur, les défenseurs des droits humains et les militants, hommes et femmes, risquent d’être emprisonnés pour avoir simplement exprimé leurs opinions. Heureusement, la NLD a reconnu la nécessité d’abroger et de modifier les lois répressives, et nous nous réjouissons à la perspective de voir le gouvernement s’y atteler.

« La nouvelle équipe au pouvoir doit aussi veiller à ce que les personnes aujourd’hui amnistiées reçoivent le soutien dont elles ont besoin et soient réhabilitées, de même que les nombreuses autres qui, avant elles, ont été injustement emprisonnées. »

Ces mesures ont été adoptées après l’annonce faite par le gouvernement, le 7 avril, qu’il s’efforcerait de faire libérer tous les prisonniers d’opinion au plus tôt.

Complément d’information

Le 24 mars 2016, Amnesty International a publié un rapport sur l’emprisonnement politique au Myanmar qui mettait en lumière l’inquiétante érosion, depuis le début de l’année 2014, des libertés d’expression, d’association et de réunion pacifique constatées depuis peu dans le pays.

Depuis le début de 2014, des centaines de personnes ont été arrêtées, inculpées, arbitrairement détenues ou emprisonnées dans des affaires fondées sur des considérations politiques. Parmi elles se trouvent des membres du monde étudiant qui avaient pris part à des manifestations ainsi que des militants politiques, des professionnels des médias et des défenseurs des droits humains, hommes et femmes, et en particulier des personnes militant en faveur du droit à la terre et des droits des travailleurs.

Ce rapport décrit comment les autorités ont utilisé aussi bien des lois récentes que des lois anciennes pour bâillonner l’opposition, et comment le recours à ces lois s’est accompagné d’autres tactiques pour maintenir des défenseurs des droits humains et des militants en détention ou en prison pour de longues périodes, et pour créer ainsi un climat de peur dans les milieux militants et de défense des droits humains.

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