Plus de 300 000 personnes dénoncent la pollution de Shell dans le delta du Niger

Par Marleen van Ruijven, responsable des politiques d’Amnesty International Pays-Bas, et Vijay Rajendran, président de l’organisation étudiante Amnesty International Amsterdam

Le 4 juillet, nous nous sommes rendus au siège de Shell à La Haye avec trois autres militants étudiants (Hans-Georg Eilenberger, Lisanne Peelen et Iris ten Teije) pour présenter à la compagnie pétrolière une pétition mondiale signée par 309 190 personnes. Les signatures, recueillies par Amnesty International et nos partenaires, émanaient de plus de 20 pays sur cinq continents.

Notre présentation de la pétition mondiale faisait suite à une remise de signatures dans les locaux de Shell à Port Harcourt, au Nigeria, le 25 juin par le Centre nigérian pour l’environnement, les droits humains et le développement (CEHRD), une ONG partenaire qui représente des organisations de la société civile et des populations concernées par l’exploitation pétrolière dans ce pays.

Cette pétition envoyait un message fort à Shell, pour lui faire savoir que l’heure était venue de se préoccuper des conséquences actuelles de la pollution liée aux hydrocarbures sur les droits économiques, sociaux et culturels dans la région du delta du Niger.

La compagnie pétrolière a refusé de la recevoir en public et d’autoriser Amnesty International à prendre des photos de cette remise. Il s’agit d’une évolution inquiétante, qui laisse penser que Shell est encore moins disposée qu’avant à dialoguer avec les organisations de la société civile ou à prendre acte publiquement des préoccupations des militants. En 2009, elle avait accepté notre pétition en public. Nous avons été informés que le changement d’attitude cette fois-ci était lié au fait qu’Amnesty International s’était montrée trop critique envers Shell !

La pétition était adressée au directeur général de Shell, Peter Voser, mais comme il ne voulait pas l’accepter en personne, nous avons présenté les signatures à Dick Benschop, directeur de Shell Pays-Bas, et à deux autres représentants de Shell. M. Benschop nous a indiqué qu’il veillerait à ce que Mr Voser reçoive la pétition.

La pétition appelle Shell à :

contribuer à hauteur de la totalité du milliard de dollars estimé par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) comme étant la somme de départ nécessaire à l’établissement d’un fonds indépendant destiné à financer les opérations de nettoyage de la pollution en pays ogoni ;
procéder à un nettoyage complet des sites touchés par la pollution pétrolière et par d’autres dommages environnementaux, en consultant les populations locales en bonne et due forme ;

se prononcer en faveur d’une évaluation approfondie de la pollution aux hydrocarbures dans toute la région productrice de pétrole du delta du Niger ;
verser une indemnisation juste et adaptée à toutes les populations touchées.

Nous avons également remis à Shell la déclaration conjointe signée par Amnesty International et les organisations de la société civile nigériane avec lesquelles nous travaillons sur cette campagne, qui expose nos préoccupations et recommandations plus en détail. Cette déclaration a été publiée au début d’une manifestation organisée à Port Harcourt le 28 avril, qui marquait la fin d’une semaine d’action mondiale.

Shell a répondu en affirmant que l’évaluation environnementale du pays ogoni par le PNUE servait de catalyseur pour créer des alliances dans le delta du Niger, mais que cela était difficile car le gouvernement n’avait pas encore réagi au rapport rendu en août 2011 par le PNUE. Une fois qu’il y aurait un plan d’action, Shell a déclaré qu’elle serait prête à payer sa part à destination du fonds pour le nettoyage du pays ogoni (mais ne s’est pas engagée à verser la totalité du milliard de dollars que nous réclamons dans la pétition).

La réponse de Shell était, comme d’habitude, évasive. Le gouvernement nigérian a effectivement l’importante responsabilité de mettre en œuvre les recommandations du PNUE et n’a demandé aucun compte aux compagnies pétrolières, mais Shell n’a jamais vraiment cherché à remédier à la pollution pétrolière dans le delta du Niger. Dans le même temps, de nombreux déversements de pétrole imputables à Shell, tels que les fuites de grande ampleur qui ont eu lieu en 2008 à Bodo, n’ont jamais donné lieu à un nettoyage en bonne et due forme, ce qui met à mal les droits des populations locales.

L’un des représentants de Shell nous a conseillé de rester ouverts à l’objectivité. Nous avons répondu que nous savons de quoi nous parlons – et que c’est Shell qui évite de se confronter aux faits.

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