Pologne, il faut abandonner les charges pesant sur une militante accusée d’avoir facilité un avortement

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Il faut que les charges pesant sur Justyna Wydrzyńska, une défenseure des droits humains qui encourt trois ans d’emprisonnement pour avoir aidé une femme enceinte qui souhaitait avorter en toute sécurité en Pologne, soient abandonnées immédiatement, a déclaré Amnesty International le 7 avril, à la veille du procès qui doit s’ouvrir à Varsovie.

En 2020, Justyna Wydrzyńska a aidé une femme enceinte, qui se disait victime de violence domestique, à obtenir des médicaments abortifs. Il s’agit de la première affaire en Europe dans laquelle un·e militant·e est poursuivi·e pour avoir facilité un avortement en fournissant des médicaments. Le 22 novembre 2021, Justyna Wydrzyńska a été inculpée d’« aide à l’avortement » et de « possession de médicaments sans autorisation en vue de les mettre sur le marché ».

« Ces charges relèvent d’une tentative choquante et délibérée de mettre un terme aux activités militantes légitimes de Justyna Wydrzyńska, alors que celle-ci essaie simplement de défendre le droit des femmes et de toutes les personnes enceintes d’avoir accès à un avortement sans danger en Pologne, a déclaré Monica Costa Riba, chargée de campagne sur les droits des femmes à Amnesty International.

« Dans un contexte où la législation relative à l’avortement est préjudiciable, les militant·e·s comme Justyna sont essentiel·le·s pour faire en sorte que les personnes enceintes en Pologne n’aient pas à prendre le risque d’un avortement dangereux qui mettrait leur santé et leur vie en péril. Il faut que les autorités polonaises abandonnent immédiatement toutes les charges pesant sur elle et dépénalisent totalement l’avortement, y compris l’aide à l’avortement. »

« Les militant·e·s comme Justyna sont essentiel·le·s pour faire en sorte que les personnes enceintes en Pologne n’aient pas à prendre le risque d’un avortement dangereux »

La Pologne a l’une des législations sur l’avortement les plus restrictives d’Europe. L’avortement n’y est légal que lorsque la santé ou la vie de la personne enceinte est en danger ou lorsque la grossesse résulte d’un viol ou d’un inceste. Avorter par soi-même ou être en possession de médicaments abortifs à cette fin ne constitue pas une infraction au regard du droit polonais. En revanche, tout médecin ou autre personne qui aide une personne enceinte à avorter en dehors des deux motifs autorisés par la loi encourt trois ans d’emprisonnement.

« En 2020, une femme est venue me voir, elle était désespérée. Elle m’a dit que son mari, violent, essayait de l’empêcher d’avorter. Son histoire m’a touchée car elle ressemblait à la mienne. Je devais l’aider, a déclaré Justyna Wydrzyńska.

« Les personnes qui souhaitent avorter en Pologne ont besoin d’informations fiables et impartiales sur l’avortement afin de pouvoir y recourir en toute sécurité, ainsi que d’aide et de soutien. Personne ne devrait être poursuivi pour avoir fait preuve de compassion et agi par solidarité. Ni moi. Ni personne d’autre. »

Complément d’information

Justyna Wydrzyńska est une doula (personne formée à l’accompagnement de la grossesse) et l’une des quatre fondatrices d’Abortion Dream Team, un collectif de militant·e·s qui fait campagne contre la stigmatisation de l’avortement en Pologne et prodigue des conseils impartiaux sur l’accès à un avortement sans danger, en suivant les directives de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le 1er juin 2021, la police a perquisitionné au domicile de Justina Wydrzyńska et saisi des médicaments sous forme de comprimés, un ordinateur, des clés USB et des téléphones portables.

Abortion Dream Team fait partie d’Avortement sans frontières, un réseau féministe européen qui fournit des informations, des conseils, des fonds et un soutien pratique aux personnes de Pologne et d’ailleurs ayant besoin d’avorter à l’étranger ou d’un accès à des sources fiables en ligne de médicaments abortifs qui permettent d’interrompre soi-même une grossesse à domicile, en toute sécurité.

Entre janvier 2021 et janvier 2022, l’organisation Avortement sans frontières [1] a été contactée par plus de 32 000 personnes en Pologne, soit cinq fois plus que l’année précédente, et a aidé plus de 1 500 personnes à se rendre à l’étranger pour avorter. Depuis quelques mois, les appels à l’aide se multiplient car des milliers de personnes réfugiées venant d’Ukraine arrivent en Pologne et ont besoin de soins en matière de santé sexuelle et procréative.

À ce jour, presque 50 000 personnes [2] ont appelé le procureur général de Pologne à abandonner toutes les charges. Action urgente.

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