Pour un mur qui tombe, combien d’autres se construisent ?

Il y a 25 ans le Mur de Berlin tombait. Depuis cette ouverture historique, des murs n’ont cessé d’être érigés partout dans le monde pour séparer et diviser. Censés protéger, ces murs font surtout peser de lourdes menaces sur des vies humaines et sur le respect du droit international.

Aussi historique que symbolique, la chute du Mur de Berlin a pourtant été suivie de la construction d’autres murs, partout dans le monde : entre les Etats-Unis et le Mexique, entre Israël et la Palestine, entre le Bangladesh et l’Inde etc . Se souvenir du Mur de Berlin c’est aussi s’intéresser aux murs d’aujourd’hui.

LE MUR ENTRE ISRAËL ET LA PALESTINE : L’EXEMPLE EMBLÉMATIQUE

Les impérieuses considérations de sécurité prévues par le droit international humanitaire invoquées par Israël ne peuvent continuer à justifier ce mur/barrière, qui aux dépens de la population palestinienne occupée, bénéficie aux colons. Les implantations civiles israéliennes, illégales au regard du droit international, ne cessent pourtant de se développer.

Les conséquences économiques et humanitaires sont dramatiques pour les Palestiniens, qui se voient privés de leur droit à la libre circulation, de l’accès à leurs terres, à leurs lieux de travail, à leurs lieux d’enseignement, aux soins et autres services de base.

Nous n’avons de cesse de dénoncer ces violations continues entretenues par la politique délibérée des autorités israéliennes, et demande que le mur, empiétant sur des terres palestiniennes et donc en contradiction avec le droit international, soit démantelé.

AU BANGLADESH : CE MUR DONT PERSONNE NE PARLE

Erigé en territoire indien à 150 mètres d’une frontière qui était auparavant un lieu d’échanges quotidiens, ce mur a de graves répercussions économiques, sociales et humaines, non seulement pour les migrants, mais aussi pour les populations des deux pays. C’est toute la région frontalière – tant du côté indien que bangladais – qui se trouve en effet affectée par ce mur qui restreint la liberté de circulation et les échanges économiques. S’ajoute le problème des enclaves indiennes au Bangladesh et des enclaves bangladaises en Inde. Le tracé de la frontière, dessiné en 1947 à la chute de l’Empire britannique des Indes, a en effet créé près de 200 enclaves situées de part et d’autre de la frontière. Les villages enclavés sont privés d’accès à l’eau, à l’électricité, aux soins et à l’éducation ce qui constitue une violation de droits fondamentaux.

Comme tant d’autres dans le monde, ce mur-barrière censé protéger et sécuriser est une source infinie de violences.

La violence quotidienne, c’est celle que fait régner la police indienne des frontières. La BSF (Border Security Force), agence paramilitaire dépendant du ministère de l’Intérieur, compte près de 220 000 hommes dont un grand contingent est affecté à la surveillance du mur. Chargés de surveiller frontières et mouvements migratoires, ces hommes sont dans leur très grande majorité issus de provinces éloignés - certains sont des ex-soldats du Cachemire- et ne parlent pas le bengali. Ils y sont envoyés pour des missions de courte durée (moins d’un an). Ils ont très peu de liens et de considération pour les populations qu’ils surveillent. Les témoignages dénonçant leurs violences, leurs abus et leurs extorsions sont nombreux. Il n’est pas rare que ces agents tirent à vue, invoquant la légitime défense. Pourtant, la police bangladaise n’enregistre que très rarement les plaintes de ceux qui osent témoigner. L’impunité est donc totale et sonne comme un encouragement à perpétuer de nouvelles violences.

CES MURS, SYMBOLE DE VIOLENCE MORALE ET PHYSIQUE

Le droit d’un Etat de protéger et garantir ses frontières comme la sécurité de ses ressortissants est incontestable. Il est d’ailleurs prévu et encadré par les normes internationales. Mais le faire sans violer d’autres droits est aussi une obligation faite aux Etats.

L’Inde n’est pas un exemple isolé. Alors que les échanges ne cessent de se développer, la mondialisation et les peurs qu’elle engendre semble avoir pour corollaire l’édification de nombreux murs. Pourtant ces derniers sont source d’autres peurs comme le laisse sous-entendre l’expression familière : « S’il y a un mur, c’est bien qu’il y a danger… » Et s’impose le constat qu’une réponse à un problème par la violence est une impasse. Ces murs, dont la construction est censée répondre à des violences, font peser de lourds dangers sur le respect du droit international et des droits humains. Des menaces et des abus que nous dénonçons régulièrement

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