COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Dimanche 6 février 2011
L’ancien président américain George W. Bush ne se rendra pas à Genève le 12 février, selon des informations parues dans la Tribune de Genève. Cette annulation intervient alors qu’étaient lancés des appels à protester et évoquées d’éventuelles poursuites judiciaires contre l’ancien président.
Vendredi 4 février, Amnesty International a adressé aux procureurs genevois et fédéraux une analyse factuelle et juridique détaillée concernant la responsabilité pénale de George Bush dans des actes de torture qu’il aurait autorisés. L’organisation concluait que la Suisse disposait d’informations suffisantes pour ouvrir une information judiciaire contre l’ancien président américain.
Au titre de ses obligations internationales, la Suisse serait tenue de prendre une telle mesure si George Bush entrait sur son territoire.
Les organisateurs de l’événement auquel George Bush devait assister ont déclaré à la Tribune de Genève qu’ils avaient décidé d’annuler sa venue en raison de la « controverse » qu’elle a suscitée. Ils ont démenti que l’éventuelle ouverture d’une enquête sur l’ancien président américain ait pesé sur leur décision.
Amnesty International a engagé à plusieurs reprises les autorités américaines à enquêter sur la responsabilité des plus hauts responsables américains dans des actes de torture, et plus particulièrement de George Bush, et a renouvelé sa requête après la publication de ses Mémoires en novembre 2010.
Les États-Unis se sont abstenus de mener des investigations susceptibles de passer en revue de manière satisfaisante la responsabilité pénale présumée de l’ancien président pour ces agissements et tout laisse à penser qu’ils ne le feront pas.
« À ce jour, nous n’avons recensé qu’un petit nombre d’enquêtes militaires sur les détentions et les interrogatoires en Irak, en Afghanistan et à Guantánamo. Mais aucune n’a eu l’envergure ni l’indépendance nécessaires pour enquêter sur de hauts responsables tels que l’ancien président George Bush, a indiqué Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International.
« Parallèlement, il n’y a eu quasiment aucune obligation de rendre des comptes pour les crimes commis dans le cadre du programme de détentions secrètes géré par la CIA, auquel George Bush, alors président, avait donné son aval. »
Dans tous les pays du globe où il se rend, notamment dans les 147 États parties à la Convention des Nations unies contre la torture, il peut faire l’objet d’investigations et de poursuites pour sa responsabilité présumée dans des actes de torture et des crimes relevant du droit international.
« Les autorités américaines s’étant jusqu’ici abstenues de traduire George Bush en justice, la communauté internationale se doit d’intervenir », a conclu Salil Shetty.