10 ans de prison pour un auteur de graffiti

La condamnation à 10 ans de prison prononcée par le tribunal chargé des crimes graves à Bakou, en Azerbaïdjan, contre Bayram Mammadov, un jeune militant détenu depuis mai 2016 après avoir fait des graffiti sur une statue de l’ancien président d’Azerbaïdjan, s’inscrit dans une stratégie consternante des autorités visant à écraser toute dissidence, a déclaré Amnesty International jeudi 8 décembre 2016.

« Bayram Mammadov a été arrêté simplement pour avoir peint un slogan sur une statue, et on l’a ensuite torturé pour lui faire " avouer " des infractions graves à la législation sur les stupéfiants. Les charges à son encontre ont été forgées de toutes pièces, dans le seul but de le sanctionner pour son militantisme. Cette condamnation bien trop lourde, qui fait suite à une détention déjà prolongée, inutile et arbitraire, est un coup porté à tous les militants pacifiques en Azerbaïdjan, a déclaré Denis Krivosheev, directeur adjoint pour l’Europe et l’Asie centrale à Amnesty International.

« Les autorités azerbaïdjanaises continuent d’afficher un mépris flagrant envers la liberté d’expression et semblent, dans leur détermination à réduire au silence tous les détracteurs, prêtes à piétiner la vérité. Par ailleurs, elles doivent mener une enquête indépendante sur la torture et les mauvais traitements infligés à Bayram Mammadov. »

Bayram Mammadov et Giyas Ibrahimov, un autre militant, ont été arrêtés le 9 mai 2016, après que Bayram a publié sur Facebook une photo de graffiti qu’ils avaient peints sur une statue d’Heydar Aliyev, ancien président défunt de l’Azerbaïdjan et père du président actuel, Ilham Aliyev. Giyas Ibrahimov a été condamné à 10 ans de prison le 25 octobre par le tribunal chargé des crimes graves à Bakou pour des infractions à la législation sur les stupéfiants.

Des policiers assurent que les deux jeunes gens se trouvaient en possession d’environ huit grammes d’héroïne ; or, eux affirment que cette drogue a été cachée à leur insu et que lors des interrogatoires, seules des questions sur les graffiti leur ont été posées. Des policiers leur ont demandé à plusieurs reprises de s’excuser publiquement d’avoir insulté Heydar Aliyev et les ont roués de coups lorsqu’ils ont refusé. Leur avocat affirme qu’ils étaient couverts de bleus après leur interrogatoire et ont été menacés de viol. Ils auraient également été contraints de nettoyer les toilettes du poste, pendant que les policiers les filmaient dans le but de les humilier.

Complément d’information

Giyas Ibrahimov et Bayram Mammadov sont étudiants et membres de NIDA, un mouvement de jeunes en faveur de la démocratie. Le graffiti pour lequel ils ont été arrêtés disait « Bonne Fête de l’esclavage », un jeu de mots basé sur « Bonne Fête des fleurs », cette fête étant célébrée le 10 mai, jour de l’anniversaire de l’ancien président. Sur l’autre côté de la statue, les militants ont utilisé un langage obscène dans des messages d’opposition politique.

La société civile et la dissidence politique sont durement réprimées en Azerbaïdjan, les organisations de défense des droits humains étant fréquemment harcelées et persécutées. Le gouvernement contrôle l’ensemble des médias traditionnels. Les médias indépendants sont la cible d’actes de harcèlement et de fermetures, et les journalistes indépendants sont en butte aux manœuvres d’intimidation, de harcèlement, de menaces et de violences.

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