Qatar : l’ancien diplomate saoudien ne doit pas être renvoyé dans son pays, où il risque d’être torturé Communiqué de presse

Le renvoi forcé en Arabie saoudite d’un ancien diplomate saoudien, envisagé par les autorités du Qatar, exposerait cet homme à un grave risque d’arrestation, de torture et d’autres mauvais traitements, a déclaré Amnesty International.

La semaine passée, la police qatarienne a convoqué à deux reprises Mishal bin Zaar Hamad al Mutiry, ancien employé de l’ambassade saoudienne aux Pays-Bas, réfugié au Qatar depuis août 2011 après avoir fui son pays.

Dimanche 6 janvier 2012, les policiers lui auraient demandé pourquoi il n’avait pas obéi à l’injonction du ministère qatarien de l’Intérieur, en date du 2 janvier, lui ordonnant de quitter le pays dans les 48 heures sous peine d’être renvoyé de force dans son pays, l’Arabie saoudite. ??

L’ancien diplomate a affirmé avoir déjà été emprisonné et torturé en Arabie saoudite pour avoir accusé son ambassade aux Pays-Bas d’être impliquée dans le financement du terrorisme.

Il a raconté à Amnesty International qu’il avait été contraint de rentrer dans son pays en 2006 après avoir été capturé à La Haye par des hommes armés, qu’il soupçonne d’être des agents saoudiens.

« Les autorités qatariennes doivent renoncer immédiatement à renvoyer Mishal bin Zaar Hamad al Mutiry en Arabie saoudite, où il risque d’être de nouveau arrêté arbitrairement et torturé », a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Elles doivent lui offrir sans délai la possibilité de demander l’asile, afin que sa sécurité soit assurée. »

En 2003, Mishal bin Zaar Hamad al Mutiry s’était plaint auprès de son gouvernement de ce que l’ambassade saoudienne de La Haye, aux Pays-Bas – où il travaillait à l’époque – finançait semble-t-il le terrorisme. Au lieu d’ouvrir une enquête, les autorités saoudiennes l’avaient démis de ses fonctions à l’ambassade, à la suite de quoi il avait rendu ses accusations publiques. En septembre 2004, les Pays-Bas lui avaient accordé l’asile politique.

Selon son témoignage recueilli par Amnesty International, en 2006, Mishal bin Zaar Hamad al Mutiry a été abordé aux Pays-Bas par des hommes en civil – des agents saoudiens, d’après lui – qui l’ont conduit à Bruxelles, capitale de la Belgique, sous la menace d’une arme à feu. L’un de ses fils a été emmené dans un autre véhicule.

Une fois à Bruxelles, les hommes armés lui auraient dit qu’il devait prendre l’avion pour l’Arabie saoudite.

« Je n’avais pas le choix, ils détenaient mon fils », a expliqué l’ancien diplomate.

Il affirme avoir été arrêté dès son arrivée dans la capitale saoudienne, Riyadh, où il est resté incarcéré six mois à la prison de la Direction générale des enquêtes.

Il aurait été détenu au secret la première semaine et soumis à la torture et à d’autres mauvais traitements. Il aurait notamment été frappé à maintes reprises et contraint de rester debout pendant des heures.

Il a été libéré sans inculpation au bout de six mois, avec interdiction de quitter le territoire saoudien.

Le 11 août 2011, il a fui au Qatar voisin, où il se trouve toujours aujourd’hui.

Un peu plus d’un an après, en septembre 2012, les autorités qatariennes l’ont arrêté, semble-t-il dans l’intention de le renvoyer en Arabie saoudite, mais elles l’ont relâché environ une semaine plus tard à la suite de pressions des ONG.

L’Arabie saoudite ne tolère en général aucune critique de l’État.

Ceux qui osent critiquer des personnalités, des politiques ou des pratiques du gouvernement le paient généralement très cher. Ils sont souvent détenus au secret sans inculpation – parfois à l’isolement – et sans possibilité de consulter un avocat ni de contester la légalité de leur détention devant un tribunal.

La torture et d’autres formes de mauvais traitements sont fréquemment employées pour leur extorquer des « aveux ».

Le Qatar a ratifié la Convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, qui interdit aux États, quelles que soient les circonstances, d’expulser ou d’extrader une personne dans un pays où il existe des motifs sérieux de croire qu’elle risque d’être soumise à la torture.

« Le renvoi forcé de Mishal bin Zaar Hamad al Mutiry en Arabie saoudite constituerait une violation des obligations du Qatar aux termes du droit international. Il exposerait en effet cet homme à un grave risque de torture et de détention arbitraire aux mains des autorités saoudiennes, qui veulent le punir pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression », a souligné Hassiba Hadj Sahraoui.

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