Communiqué de presse

Raif Badawi. La mobilisation se poursuit alors qu’un nombre croissant de prisonniers d’opinion sont détenus et menacés

MISE Á JOUR Ce vendredi 13 mars, Raif Badawi n’a pas été flagellé. Nos actions, notre pression portent leurs fruits. Pourtant, il faut continuer et, à la demande de Raif Badawi et de son avocat, il est nécessaire et du devoir d’Amnesty de mettre la lumière aussi sur les autres prisonniers d’opinions saoudiens : « Mon cas n’est pas un cas individuel, il s’agit d’un cas touchant à la liberté d’expression et de religion, donc s’il vous plait, vous tous qui êtes derrière-moi, soutenez aussi les autres prisonniers d’opinions en Arabie Saoudite, indépendamment de leur opinions ou de votre accord avec celles-ci. Maintenant que les violations généralisées des droits humains en Arabie Saoudite sont mises en lumière, faites savoir au monde entier que d’autres activistes, comme moi, souffrent. Nous devons être tous libérés !. » Raif Badawi (depuis sa prison)

Le jeudi 12 mars, à 17 h, pour la neuvième semaine consécutive, des militants d’Amnesty International ont manifesté devant l’ambassade d’Arabie saoudite pour la libération de Raif Badawi, de son avocat, Waleed Abu al Khair et de tous les prisonniers d’opinion détenus pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression. Cette manifestation s’est tenue alors que les dernières nouvelles concernant Raif Badawi indiquent qu’il pourrait être rejugé pour apostasie et qu’il encourrait alors la peine de mort. Il s’agit pour l’heure de rumeurs non confirmées par les autorités.

Le cas du blogueur saoudien s’inscrit dans un contexte dramatique et inquiétant. Ainsi, les exécutions en Arabie saoudite connaissent un rythme sans précédent. Il y a deux jours, le nombre de personnes exécutées par la justice saoudienne a été porté à quarante, près de quatre fois plus que l’année dernière durant la même période. Par ailleurs, les opposants et les défenseurs des droits humains sont pourchassés sans répit. Ainsi, un membre fondateur l’Association pour les droits civils et politiques (ACPRA) en Arabie saoudite, Mohammed al-Bajadi, a été condamné il y a moins d’une semaine à dix ans de prison.

Amnesty International est extrêmement inquiète du nombre croissant d’activistes harcelés, arrêtés, menacés et jetés en prison. « Les cas de Raif Badawi et de son avocat constituent malheureusement la partie émergée de l’iceberg, explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International. L’Arabie saoudite présente un bilan désastreux en matière de droits humains et d’atteintes à la liberté d’expression. Les exécutions ont lieu à un rythme effréné, les femmes sont systématiquement discriminées, les forces de sécurité ont recours en toute impunité à la torture et aux mauvais traitements, les défenseurs des droits humains sont persécutés sans relâche alors que tous les rassemblements publics demeurent interdits. »

Complément d’information

Les flagellations qui devaient avoir lieu les 16 et 23 janvier derniers ont été reportées pour raisons médicales. Depuis lors, aucun autre coup n’a été porté au blogueur, mais les autorités se sont abstenues de motiver les cinq derniers reports (6 février, 13 février, 20 février, 27 février et 6 mars). Il est pour l’heure impossible de savoir si Raif Badawi sera flagellé ce vendredi 13 mars.

Raif Badawi a été condamné le 7 mai 2014 par le Tribunal pénal de Djedda à 10 ans de prison et 1 000 coups de fouet, assortis d’une interdiction de voyager pendant 10 ans à l’issue de sa peine, d’une interdiction d’utiliser les médias et d’une amende de 1 million de riyals saoudiens (environ 226 000 euros). Ce jugement est lié à la création de son site internet « Libérez les libéraux saoudiens » (dont la Cour a ordonné la fermeture), et à des accusations selon lesquelles il aurait « insulté l’islam ». Raif Badawi était initialement inculpé d’« apostasie », infraction passible de la peine de mort en Arabie saoudite. Malgré les efforts de son avocat, Waleed Abu al Khair, également en prison en raison de son militantisme pacifique, la Cour d’appel de Djedda a confirmé la condamnation de Raif Badawi le 1er septembre.

Selon la décision finale de cette instance, Raif Badawi doit recevoir 50 coups de fouet consécutifs à un intervalle d’une semaine. Il a été flagellé une première fois en public après la prière du vendredi le 9 janvier dernier, devant la mosquée Al-Jafali à Djedda.

Waleed Abu al Khair, l’avocat de Raif Badawi, a été jugé le 6 juillet 2014 par le Tribunal pénal spécial coupable d’avoir « désobéi au souverain et cherché à lui ôter sa légitimité », « insulté le pouvoir judiciaire et remis en cause l’intégrité des juges », « créé une organisation non autorisée », « nui à la réputation de l’État en communiquant avec des organisations internationales » et « rédigé, enregistré et envoyé des informations troublant l’ordre public ». Il a alors été condamné à 15 ans de prison, à une interdiction de voyager de la même durée et à une amende s’élevant à 200 000 riyals (environ 45 000 euros).

Le 12 janvier 2015, il a vu sa condamnation confirmée en appel. Le juge a par ailleurs ordonné qu’il purge l’intégralité de sa peine en raison de son refus de présenter des excuses pour les faits qu’on lui reproche. Il continue par ailleurs de contester la légitimité du Tribunal pénal spécial, un tribunal d’exception jugeant des affaires en rapport avec la sécurité et la lutte contre le terrorisme et dont la compétence et les règles internes n’ont pas été précisées.

De façon générale, les autorités saoudiennes continuent de mener une campagne de persécution de grande ampleur à l’encontre des défenseurs des droits humains et des militants de la société civile, en engageant des poursuites judiciaires contre eux et en adoptant des mesures arbitraires telles que l’interdiction de voyager.

Manif - infos pratiques

Manifestation devant l’ambassade d’Arabie Saoudite ce 12 mars 2015 de 17h à 17h30, 326 Avenue Louise 1050 Bruxelles (devant la Blue Tower). Tram 93/94 arrêt Vleurgat.
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