Rapport Chilcot : les violations des droits humains en Irak enfin dénoncées

En réaction à la publication, mercredi 6 juillet, du rapport de la Commission Chilcot, un document fort attendu sur l’implication du Royaume-Uni dans la guerre en Irak dès 2003, Salil Shetty, le secrétaire général d’Amnesty International, a déclaré :

« Avant l’invasion, Amnesty International avait demandé que les conséquences, potentiellement graves, de l’action militaire soient soigneusement évaluées. Et à la veille de l’invasion menée par les forces dirigées par les États-Unis, nous avons réclamé le plein respect du droit international relatif aux droits humains et du droit international humanitaire.

« Nos craintes concernant la sécurité de la population civile étaient bien fondées. Des milliers de civils ont été tués et blessés, notamment dans le cadre d’attaques illégales ; des millions de personnes ont été contraintes de fuir leur domicile ; et le pays entier a été plongé dans le chaos lorsque les forces d’occupation n’ont pas rempli leur obligation de maintenir la sécurité.

« Si le rapport Chilcot ne porte pas strictement sur les droits humains, toute évalutation rigoureuse de l’invasion de l’Irak par la coalition dirigée par les États-Unis et de ses suites ne peut faire abstraction des retombées que cela a eu et continue à avoir sur les droits fondamentaux de millions d’Irakiens.

Les gouvernements britannique et américain ont utilisé avec cynisme le bilan désastreux de Saddam Hussein en matière de droits humains - notamment décrit dans des rapports d’Amnesty International - afin d’obtenir le soutien du public en faveur de la guerre. Leur conduite durant l’occupation a vite mis en évidence leur hypocrisie dans cette exploitation du discours de défense des droits humains.

« L’occupation a en effet été caractérisée par des violations des droits humains de grande ampleur. Treize ans plus tard, l’invasion et ses suites sont devenues synonymes d’images choquantes de torture de détenus à Abou Ghraïb, de l’homicide de Baha Mousa en détention sous la responsabilité du Royaume-Uni, d’une intensification de la violence motivée par l’intolérance religieuse et des attentats-suicides à la bombe ayant fait des dizaines de milliers de morts supplémentaires.

« Une manière de montrer que le gouvernement britannique a essayé de retenir certains enseignements de sa présence en Irak serait de veiller à ce que les enquêtes en cours sur les homicides illégaux, ainsi que sur les actes de torture et autres formes de mauvais traitements imputés aux forces armées du Royaume-Uni en Irak soient véritablement efficaces et fiables. Elles doivent notamment prendre la forme d’une évaluation approfondie de la mesure dans laquelle ces violations des droits humains étaient systémiques, et établir les responsabilités à tous les niveaux, une dimension cruellement absente jusqu’à présent.

« Lorsqu’il existe suffisamment d’éléments de preuve recevables, les personnes dont la responsabilité pénale semble engagée - quels que soient leur rang ou leur fonction - doivent être poursuivies dans le cadre de procès équitables, tandis que les victimes et familles de victimes doivent recevoir des réparations complètes. Le Royaume-Uni doit par ailleurs coopérer pleinement avec l’examen préliminaire ouvert par la Cour pénale internationale sur les crimes qu’auraient commis des ressortissants britanniques en Irak de 2003 à 2008, notamment des meurtres, des actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements. »

Pour en savoir plus sur le travail d’Amnesty International sur les retombées de l’invasion de l’Irak par les États-Unis et leurs alliés :

Iraq, a decade of abuses (rapport, 11 mars 2013)

Iraq : Still paying a high price after a decade of abuses (communiqué de presse, 11 mars 2013)

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