RDC : Déclaration d’Amnesty International à la 60ème session de la Commission des droits de l’homme des Nations unies

Index AI : IOR 41/014/2004
ÉFAI

Mercredi 14 avril 2004

DÉCLARATION PUBLIQUE

Amnesty International, qui a suivi les débats de la Commission des droits de l’homme des Nations unies, réaffirme l’importance d’un contrôle international effectif de la situation des droits humains en République Démocratique du Congo (RDC).

Il y a à peine une semaine, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a condamné les atrocités qui se poursuivent en RDC et exprimé son inquiétude à propos du factionnalisme grandissant au sein du gouvernement d’unité nationale de la RDC. Du point de vue d’Amnesty International, cette déclaration remet donc en cause l’idée selon laquelle la Commission pourrait envisager de supprimer ce contrôle, mécanisme essentiel pour une surveillance internationale effective de la situation des droits humains dans ce pays.

Des délégués d’Amnesty International viennent de rentrer d’une mission d’étude dans l’est de la RDC. Ils ont confirmé que la situation des droits humains y était toujours extrêmement préoccupante. La mission a établi, entre autres, que :

 presque toutes les régions de l’est du pays sont toujours sous le contrôle de fait de différents groupes et milices armés et qu’une insécurité généralisée y règne ;

 les exécutions illégales et les actes de torture se poursuivent à l’encontre des populations civiles : des hommes, des femmes et des enfants continuent d’être attaqués à coups de machettes, d’armes fabriquées artisanalement et d’armes légères ;

 les pillages et destruction de maisons, de champs, d ’écoles, de centres médicaux et nutritionnels et d’institutions religieuses continuent ;

 toutes les forces armées continuent d’employer comme soldats des enfants : dans certaines zones, des enfants sont toujours enrôlés ;

 la violence sexuelle contre des femmes de tous âges, y compris de très jeunes filles, continue d’être exercée par les forces armées. Dans de nombreux cas, le viol précède des blessures ou une mort délibérée infligée à la victime. Un nombre indéterminé mais certainement important de femmes et de jeunes filles enlevées sont toujours avec les groupes armés à qui elles servent d’esclaves sexuelles ;

 des centaines de milliers de personnes ayant fui les violences sont des personnes déplacées vivant dans des conditions très précaires. Les organismes humanitaires ne sont toujours pas autorisés à se rendre dans les zones non sécurisées, ce qui aggrave encore le sort des civils ;

 les armes continuent de circuler librement, financées par l’exploitation continue des ressources par les forces combattantes.

Le gouvernement de transition de la RDC n’a jusqu’ici réalisé que peu, voire pas du tout, de progrès concrets pour résoudre ces questions ou améliorer la sécurité dans l’est du pays. Les civils de ces régions vivent toujours dans la peur. Les retards et le manque de coordination pour la mise en place d’une réforme de l’armée et du programme de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) des combattants en surplus aggravent la situation.

L’absence d’un rapporteur spécial pour la RDC engendrerait une déception généralisée parmi ceux qui travaillent en vue d’améliorations durables à la situation des droits humains dans le pays. L’organisation pense que cela serait particulièrement décourageant pour la population civile congolaise.

Dans ce contexte, le moment n’est donc pas venu de diminuer ou de rendre moins effectif le contrôle international sur le situation des droits humains en RDC. Il est au contraire important de veiller à ce que des enquêtes sérieuses, indépendantes et faisant autorité continuent d’être menées sur les allégations de violations graves des droits humains.

Amnesty International demande donc à la Commission de prolonger le mandat du rapporteur spécial.

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