RDC : Ituri : Un besoin de protection, une soif de justice

Index AI : AFR 62/046/2003
ÉFAI

Le gouvernement ougandais doit reconnaître sa responsabilité dans les souffrances humaines immenses et les atteintes aux droits humains en Ituri. Il doit prendre des mesures immédiates pour mettre fin à son soutien persistant aux groupes armés et au pillage économique qui entretiennent les atrocités, a déclaré à Kampala Irene Khan, Secrétaire générale d’Amnesty International, pour la publication du rapport République démocratique du Congo. Ituri : un besoin de protection, une soif de justice (index AI : AFR 62/032/2003).

« Ces dernières années, une multitude de groupes armés, aidés et soutenus par les gouvernements de Kinshasa, de Kampala et de Kigali, ont entretenu des conflits inter-ethniques en Ituri, dressant une ethnie contre l’autre et causant des violences d’une cruauté inimaginable. L’Ouganda reste l’un des principaux acteurs régionaux de ce conflit », a déclaré Irene Khan.

En mai 2003, des miliciens ont massacré et mutilé des familles entières, à Bunia. Ils ont visé tout particulièrement les femmes et les fillettes, utilisant le viol comme une arme de guerre. Le recours fréquent et généralisé aux enfants soldats est une caractéristique révélatrice et tragique de ce conflit, qui détruit leur avenir en faisant d’eux à la fois des coupables et des victimes.

Bien qu’une logique de paix apparaisse à Kinshasa, la dynamique de la guerre reste fortement ancrée en Ituri. Pour les neuf premiers mois de cette année, le rapport d’Amnesty International fait état de massacres, de viols, de violences et du déplacement de milliers de civils, commis par divers groupes armés et milices. Des centaines d’écoles, de dispensaires et de lieux de vie collective ont été détruits ; des villages ont été pillés, brûlés et rasés. Certaines des pires atrocités ont été commises à Bunia, au cours des semaines qui ont suivi le retrait rapide des forces ougandaises en mai 2003, et l’échec de l’opération des Nations unies au Congo (MONUC), qui n’a pas protégé les populations.

Le rapport reconnaît les tentatives faites pour parvenir à un règlement politique à Kinshasa, mais rappelle que la situation en Ituri constituera un test pour ce processus, qui peut avoir une issue positive ou négative.

« Bunia est encore divisée selon des critères ethniques, les gens vivent dans la peur, et les personnes déplacées ne peuvent rentrer chez elles. Dans d’autres régions de l’Ituri, des massacres et d’autres atteintes aux droits humains continuent dans l’impunité. Néanmoins, l’opération Artémis, dirigée par la France, et le déploiement de la MONUC qui l’a suivie, avec un mandat renforcé, ont apporté un semblant de sécurité à Bunia », a déclaré Irene Khan.

« Si ce nouveau départ doit être durable, il faut prendre bien d’autres mesures, et de toute urgence. La MONUC doit se déployer en-dehors de Bunia, surveiller strictement l’embargo sur les armes, accélérer le processus de désarmement et de démobilisation, notamment celui des enfants soldats, et contribuer à la création d’un organe de maintien de l’ordre digne de ce nom. Le gouvernement intérimaire et les groupes politiques doivent soutenir le travail de la Commission de pacification, qui doit établir une administration civile. L’Ouganda et le Rwanda doivent cesser leur soutien aux groupes armés. »

Le rapport se félicite de la décision du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) de prendre en charge les affaires de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis en Ituri.

« Sans justice, il n’y aura ni paix ni réconciliation en Ituri. L’impunité ne doit pas être acceptée au nom de l’unité nationale. Le cycle de représailles cruelles, d’attaques et de contre-attaques ne s’arrêtera que s’il est mis un terme à l’impunité pour toutes les violences », a souligné Irene Khan.

« Les poursuites de la CPI enverront un signal important, mais insuffisant : d’autres mesures à caractère international doivent aussi être envisagées. Priorité doit être donnée à l’établissement d’un système judiciaire national efficace. »

« Pendant des années, l’Ituri a été le théâtre de pillages et d’atteintes généralisées aux droits humains, dont le monde s’est fait le spectateur silencieux. Ceci ne doit plus jamais arriver : l’attention de la communauté internationale doit se transformer en action, pour protéger les droits humains des personnes vivant en Ituri », a conclu Irene Khan.

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