Si le projet de modification de la Constitution est adopté, le président Pierre Nkurunziza pourrait se maintenir au pouvoir jusqu’en 2034. Cependant, la période précédant le référendum a été marquée par la violence et un durcissement de la répression visant la dissidence.
« Craignant pour leur vie, des centaines de milliers de personnes ont fui le pays depuis 2015, notamment de nombreux militants et opposants politiques de premier plan, tandis que les autorités se sont efforcées d’anéantir toute expression d’opinions dissidentes », a déclaré Rachel Nicholson, chercheuse sur le Burundi à Amnesty International.
Le Burundi traverse une crise politique et des droits humains depuis que le président Pierre Nkurunziza a annoncé sa décision de briguer un troisième mandat en avril 2015. Les citoyens sont alors descendus massivement dans les rues, et les forces de l’ordre ont répondu en réprimant violemment les manifestations, faisant de nombreux morts et des centaines de blessés. En mai 2015, un coup d’État a échoué.
Le projet de modification constitutionnelle émane du dialogue national inter-burundais, qui s’est déroulé sans la participation des opposants politiques exilés ou de la société civile indépendante. Le référendum a lieu avant la conclusion d’un dialogue organisé sous les auspices de la Communauté d’Afrique de l’Est dans le but de trouver une solution à la crise.
Ces dernières semaines, les tensions s’amplifient à l’approche du référendum controversé. Durant la campagne officielle, de fréquentes informations ont fait état d’arrestations, de passages à tabac et d’actes d’intimidation visant les partisans du « Non ».
Le 4 mai, le gouvernement a suspendu les programmes radio de Voice of America et de la BBC. Le 26 avril, le défenseur des droits humains Germain Rukuki était condamné à 32 ans de prison, notamment pour avoir « menacé la sécurité de l’État », et ce uniquement en raison de son travail en faveur des droits fondamentaux.
Dans la soirée du 11 mai, des hommes armés non identifiés ont attaqué le village de Ruhagarika, dans la province de Cibitoke, dans le nord du pays, tuant 26 personnes. Le procureur général du Burundi a assuré que cette attaque ferait l’objet d’une enquête.
Ces dernières semaines, les tensions s’amplifient à l’approche du référendum controversé. Durant la campagne officielle, de fréquentes informations ont fait état d’arrestations, de passages à tabac et d’actes d’intimidation visant les partisans du « Non ».
« L’attaque contre Ruhagarika témoigne du climat très tendu dans lequel se déroule le référendum et des risques de nouvelles atteintes aux droits humains. Les autorités doivent veiller à mener une enquête impartiale et approfondie sur ces événements et à traduire en justice les responsables présumés dans le cadre de procès équitables, a déclaré Rachel Nicholson.
« Les informations faisant état d’arrestations, de passages à tabac et d’actes d’intimidation visant les opposants réels ou présumés aux modifications constitutionnelles laissent à penser que la situation des droits humains au Burundi ne fait que se dégrader. »
Complément d’information
Les Burundais se rendront aux urnes jeudi 17 mai pour se prononcer sur la modification de la Constitution. Si elle est adoptée, le mandat présidentiel sera prolongé de cinq à sept ans, et ceux qui assument cette fonction pourront briguer deux mandats consécutifs. Ils devront laisser leur place pendant un mandat, avant de pouvoir se représenter pour un nouveau mandat.
En outre, les modifications proposées renforceraient l’autorité du parti au pouvoir, notamment en réduisant la majorité requise pour adopter des lois au Parlement et en interdisant les coalitions de responsables politiques indépendants.
Aux termes d’une autre modification proposée, le Sénat sera chargé de réviser le système de quotas ethniques en vigueur au sein de l’exécutif, du législatif et de la magistrature – l’une des avancées majeures de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi conclu en 2000, qui a contribué à mettre fin à la guerre civile.