Répression contre les militants et les minorités en Chine

Les autorités chinoises ont mené des opérations inquiétantes contre des militants et des membres de minorités la semaine passée. Mardi, des témoins ont indiqué avoir vu la police chinoise utiliser des gaz lacrymogènes et des aiguillons électriques pour disperser 500 manifestants à Lhassa, la capitale du Tibet.

Ces derniers demandaient la libération de moines placés en détention après des manifestations, la veille.

Il semble que 11 manifestants, dont neuf moines, aient été violemment frappés et arrêtés lundi devant la cathédrale de Tsuklakhang, dans le centre de Lhassa. Ils manifestaient pour commémorer le 49e anniversaire de la fuite du Tibet du dalaï-lama après le soulèvement manqué contre le pouvoir chinois. Une cinquantaine de moines ont également été arrêtés dans toute la capitale.

Auparavant, les autorités s’en étaient pris à la population ouïghoure de la région autonome ouïghoure du Xinjiang. Elles ont affirmé dimanche avoir déjoué un complot « terroriste » visant les Jeux olympiques, qu’elles ont attribué à des séparatistes ouïghours présumés.

Cette annonce est liée à une opération qui avait été lancée en janvier contre un « gang terroriste » dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang. Selon les sources officielles, la police avait alors tué deux membres du groupe et en avait arrêté 15 autres.

Les autorités n’ont fourni aucune preuve concrète pour étayer leurs affirmations et on ignore pourquoi elles ont attendu trois mois avant de révéler le projet présumé d’attentat contre les JO. Cette version contredit également les déclarations initiales des autorités, qui avaient indiqué que le « gang terroriste » du Xinjiang avait eu l’intention de passer à l’action le 5 février, date anniversaire du massacre de Gulja, au cours duquel les autorités chinoises avaient brutalement réprimé des manifestations pacifiques en 1997, provoquant ainsi la mort de plusieurs centaines de personnes.

Dimanche, elles ont également affirmé avoir déjoué un complot visant à faire s’écraser un avion chinois qui reliait Urumqi, la capitale de la région autonome ouïghoure du Xinjiang, à Pékin.

Toutes ces allégations ont été formulées quelques jours seulement après qu’Amnesty International eut alerté l’opinion au sujet de la répression dont font l’objet les avocats et les militants des droits humains à Pékin, du fait de l’organisation des prochains Jeux olympiques en Chine. Les références des autorités chinoises au « terrorisme » et à des menaces contre la sécurité de l’État, en particulier dans le cadre des préparatifs des JO, sont considérées comme des prétextes servant à justifier une répression de grande ampleur non seulement contre les minorités ethniques qui critiquent le pouvoir chinois, mais aussi contre les défenseurs des droits humains.

« L’intensification de la censure ainsi que les agressions et les enlèvements perpétrés par des membres présumés des services de sécurité à l’encontre de militants pacifiques à Pékin enlèvent toute valeur aux engagements officiels promettant une amélioration de la situation des droits humains à l’approche des Jeux olympiques », a déclaré vendredi Tim Parritt, directeur adjoint du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

Amnesty International a révélé que Teng Biao, avocat, universitaire et militant des droits humains, avait disparu jeudi 6 mars vers 20 h 30, juste après son arrivée à son domicile ; selon des témoins, il avait été poussé de force dans une voiture. Il a ensuite été libéré, mais il a apparemment reçu l’avertissement de ne pas parler de son enlèvement à des journalistes étrangers.

Dans une autre affaire, une voiture de police a percuté le véhicule d’un avocat spécialisé dans les droits humains, Li Heping, qui conduisait son fils à l’école à Pékin dans la matinée du vendredi 7 mars. Ces derniers ont été choqués, mais ne souffriraient d’aucune blessure grave. Le véhicule de police les suivait depuis leur départ de leur domicile et a, semble-t-il, accéléré avant l’accident.

Li Heping a reconnu les occupants de la voiture, trois policiers de son district. Il affirme que le conducteur l’a ignoré quand il l’a interpellé au sujet de l’accident, et que la police de la circulation a refusé de s’occuper de l’affaire quand il a signalé les faits plus tard dans la journée.

En septembre 2007, Li Heping avait été enlevé par des hommes non identifiés, frappé avec des matraques électriques et menacé d’agressions ultérieures s’il ne quittait pas Pékin.


« L’intensification du harcèlement contre ces deux avocats défenseurs des droits humains montre bien que l’étau se resserre autour des militants de Pékin à l’approche des Jeux olympiques »,
a déclaré Tim Parritt. Les autorités doivent mener une enquête approfondie et impartiale sur l’enlèvement de Teng Biao et l’accident de Li Heping.

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