Communiqué de presse

Répression et vaines promesses avant le Grand Prix automobile de Bahreïn

Alors que Bahreïn se retrouve sous les feux de l’actualité mondiale à l’occasion du prochain Grand Prix de Formule 1, il est à craindre que les autorités n’usent des mêmes tactiques répressives que l’année dernière – un manifestant avait été tué par les forces de sécurité –, voire ne renforcent leur usage, a déclaré Amnesty International mercredi 17 avril.

Le mouvement de contestation devrait être de plus grande ampleur que celui qui avait marqué le Grand Prix de l’année dernière, plusieurs manifestations planifiées étant organisées par des groupes politiques tout au long de la semaine. Des heurts entre des manifestants et les forces de sécurité ont été signalés au cours des deux dernières semaines et, d’après des militants des droits humains, plusieurs dizaines de contestataires ont déjà été arrêtés en prévision de la course automobile de cette année.

« Rien n’a changé depuis le soulèvement de février 2011. Bahreïn a continué d’être le théâtre d’homicides, d’arrestations arbitraires et d’actes de torture présumés ces deux dernières années. Les autorités tentent d’exploiter le Grand Prix pour afficher les progrès qu’elles ont accomplis, prétendant que la situation des droits humains s’est améliorée, alors qu’elles intensifient la répression pour veiller à ce que leur image publique ne soit pas écornée, a expliqué Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Elles ne font que prendre des mesures répressives et faire des gestes symboliques pour redorer l’image du pays. Des personnes dont un proche a été tué attendent que justice leur soit rendue, des dirigeants de l’opposition languissent en prison, et des mineurs sont détenus et jugés en vertu de la loi relative à la lutte contre le terrorisme. »

Les manifestations, pour la plupart, sont interdites et dispersées de force, les forces de sécurité faisant souvent un usage inconsidéré des gaz lacrymogènes.

Des militants ont également indiqué que des agents des forces de sécurité en civil avaient procédé à plusieurs arrestations depuis le début du mouvement de contestation deux semaines plus tôt. Au moins 50 personnes ont été placées en détention dans le cadre de ces opérations. Parmi elles se trouve Hussain Abdul Amir, arrêté chez lui à Dar Kulaib, le 3 avril à 2 heures du matin. Sa famille a appris le 12 avril qu’il était détenu à la prison de Dry Dock.

« Le gouvernement bahreïnite affirme que le pays a entamé un processus de réforme des droits humains. Il lui incombe de le prouver, a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui. Il doit relâcher immédiatement tous les prisonniers d’opinion, laisser les manifestants exercer leurs droits pacifiquement et autoriser les ONG et les journalistes à surveiller librement la situation à l’occasion du Grand Prix. »

Complément d’information

  • Sur les 96 enquêtes officiellement ouvertes sur les décès en détention et lors des manifestations depuis 2011, 46 affaires ont été classées sans suites parce qu’aucun élément n’indiquait qu’un crime avait été commis ou parce qu’il avait été considéré que la mort faisait suite à un « acte de légitime défense ».
  • Les familles des victimes concernées n’ont dans la plupart des cas même pas été informées du classement de l’affaire. Elles n’ont pas non plus reçu d’explications satisfaisantes sur les motifs de la décision de classement sans suites, ni d’informations sur l’enquête. Enfin, on ne leur a pas indiqué si elles pouvaient former un recours contre cette décision.
  • Deux personnes sont mortes en février, lors des manifestations organisées à l’occasion du second anniversaire du soulèvement, après avoir été blessées par balle par la police antiémeutes.
  • Le 14 avril, le ministère de l’Intérieur a indiqué que des contestataires avaient fait exploser une voiture à l’aide d’une bonbonne de gaz. Selon les médias et des militants bahreïnites, deux autres épisodes similaires se sont déjà produits. À ce jour, aucun mort ni blessé n’a été signalé.
  • Al Wefaq, principale formation politique de l’opposition, a annoncé le 11 avril une semaine de protestations placées sous le slogan : « La démocratie est un droit ». Le 14 avril, plusieurs centaines de personnes ont défilé pacifiquement, prenant part à l’un des rassemblements organisés au cours de la semaine. D’autres manifestations sont prévues d’ici la fin de la semaine.
  • La famille de Salah Abbas Habib Ahmad Mousa (36 ans), abattu par les forces de sécurité lors des manifestations de l’année dernière, n’a été informée que la semaine dernière des mesures prises pour amener l’auteur de cet acte à rendre des comptes. Cherchant à se soustraire aux critiques, les autorités ont inculpé un policier subalterne du meurtre de cet homme le 8 avril. Le procès doit s’ouvrir le 6 mai. Ni la famille de la victime ni son avocat n’ont eu accès au dossier de l’enquête.

Nous vous invitons à consulter les documents suivants, fruits des recherches d’Amnesty International sur Bahreïn :

Février 2013 – “Freedom has a price” : Two years after Bahrain’s uprising

Rapport de novembre 2012 – Bahrain : Reform shelved, repression unleashed

Rapport d’avril 2012 – Flawed reforms : Bahrain fails to achieve justice for protesters

Des porte-parole d’Amnesty International peuvent répondre à des demandes de renseignements, en anglais et en français. Plusieurs militants et anciens détenus bahreïnites peuvent également donner des interviews en arabe et en anglais.

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