REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO. Les viols en masse soulignent le manque de protection et les défaillances de la justice

AFR 62/009/2010

ÉFAI - 26 août 2010

Amnesty International est indignée par les récentes informations faisant état de viols en masse et d’autres violences sexuelles commis dans la région de Walikale, dans le Nord-Kivu, entre le 30 juillet et le 2 août.

Selon les Nations unies, plus de 150 civils issus de 13 villages ont été violés par des membres de groupes armés, notamment des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).Les informations recueillies indiquent que ces viols étaient organisés et systématiques.

Amnesty International appelle le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et les Nations unies à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour que les victimes, les témoins et leur entourage puissent bénéficier immédiatement de soins médicaux et d’une aide psychologique.Les éléments de preuve, y compris les témoignages, doivent être rassemblés et conservés afin que les auteurs présumés soient traduits en justice.

Les agressions en question se sont produites quelques semaines seulement après que le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté un nouveau mandat relatif à sa mission dans le pays afin d’aider le gouvernement à protéger les civils contre les violations du droit international humanitaire et les atteintes aux droits humains, y compris toutes les formes de violences sexuelles ou liées au genre, et a souligné que la protection des civils devait être prioritaire sur les autres tâches dévolues à la mission.

Les violences sexuelles et liées au genre, répandues dans l’est de la RDC, sont perpétrées par toutes les parties au conflit, y compris les forces gouvernementales que les Nations unies appuient.Amnesty International pense qu’un examen des défaillances du gouvernement et des Nations unies quant à la protection des civils doit être entrepris immédiatement afin de mettre un terme aux atrocités infligées aux civils et d’empêcher qu’elles ne se reproduisent.

Amnesty International réclame également justice au nom des victimes et demande que celles-ci obtiennent réparation.Compte tenu de la faiblesse du système judiciaire, des efforts urgents sont nécessaires pour renforcer les capacités à presque tous les niveaux. En particulier, il est nécessaire de former les autorités nationales à enquêter efficacement sur les affaires de violences sexuelles, à poursuivre les responsables présumés de ces infractions et à supprimer les obstacles empêchant les victimes d’obtenir justice.

Le rétablissement de l’état de droit doit être considéré comme un élément essentiel de la protection des civils à plus long terme dans le pays.En attendant, des solutions judiciaires nationales et internationales doivent être trouvées afin de mettre un terme à l’impunité qui permet à des personnes de planifier et de commettre des crimes en sachant qu’elles ne seront pas inquiétées.


Complément d’information

Le 25 août, Margot Wallström, représentante spéciale pour la violence sexuelle dans les conflits armés, a été chargée de superviser la réaction des Nations unies à la suite des viols commis récemment. La requête du Conseil de sécurité, toujours en souffrance, devrait figurer parmi les questions qui seront discutées avec le gouvernement de la RDC. En effet, dans sa résolution 1888 (2009), cette instance avait demandé au Secrétaire général des Nations unies de « dépêcher rapidement sur les théâtres d’opérations particulièrement préoccupants sous le rapport de la violence sexuelle en période de conflit armé, […] avec le consentement du pays hôte, une équipe d’experts chargée d’aider les autorités nationales à renforcer l’état de droit ».Cependant, cette équipe d’experts n’a pas encore été envoyée sur place.

Le Conseil de sécurité des Nations unies devrait évoquer en novembre 2010 les évolutions en matière de protection des civils, après le débat du 10eanniversaire de sa résolution 1325 (2000) intitulée « Les femmes, la paix et la sécurité » qui aura lieu fin octobre.

En mai 2010, celui-ci a adopté la résolution 1925 (2009) autorisant le déploiement de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) jusqu’au 30 juin 2011.

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