Communiqué de presse

République démocratique du Congo. L’ONU doit protéger la population civile dans le Nord-Kivu

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit exhorter le gouvernement du Rwanda à cesser d’apporter son soutien au groupe armé M23, qui opère dans la province du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC), a déclaré Amnesty International au moment où l’ONU réaffecte des membres de la force de maintien de la paix à Goma, principale ville de l’est du pays.

Au cours des derniers jours, le groupe M23 a repoussé les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) lors d’une offensive déterminée. L’ONU et les autorités de l’est de la RDC affirment que le Rwanda appuie le M23, groupe armé non étatique, allégations que dément Kigali.

« Le redéploiement des troupes de l’ONU à Goma afin de protéger les civils est une mesure positive. Cependant, la situation dans le Nord-Kivu est si tendue qu’elle risque de dégénérer en un conflit régional si la communauté internationale ne prend pas de toute urgence les mesures qui s’imposent », a assuré Aster van Kregten, directrice adjointe du programme Afrique d’Amnesty International.

Amnesty International a reçu des informations émanant de nombreuses sources selon lesquelles le M23 effectue des tirs d’artillerie lourde et continue de recruter de force des civils. D’après des sources crédibles, deux civils ont été tués par le M23 à Bunagana dimanche 8 juillet parce qu’ils ont refusé de rallier le groupe armé, tandis que deux autres ont péri dans les combats.

Le Rwanda a semble-t-il violé l’embargo sur les armes décrété par l’ONU. Pourtant, le Conseil de sécurité n’a rien entrepris pour faire pression sur ce pays afin qu’il cesse d’apporter son soutien au M23, qui a reçu récemment de l’artillerie lourde et le renfort de nouvelles recrues.

« Le Conseil doit condamner la violation présumée de l’embargo sur les armes par le Rwanda et prendre des mesures concrètes afin de prévenir toute nouvelle violation du droit international humanitaire et relatif aux droits humains », a indiqué Aster van Kregten.

Dans un rapport de l’ONU publié en juin, des preuves suffisantes ont établi que de hauts représentants de l’État rwandais soutenaient le M23, groupe dirigé par Bosco Ntaganda, ancien général de l’armée congolaise qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale.

Le groupe armé a pris le nom de M23 après l’échec d’un accord de paix signé le 23 mars 2009. Il a fait défection de l’armée congolaise en avril 2012, sur fond de pressions exercées sur le gouvernement congolais pour qu’il arrête le général Bosco Ntaganda.

La Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) a un mandat clair, qui lui donne pour mission de protéger les civils sous la menace imminente de violences physiques en utilisant « tous les moyens nécessaires, y compris la force armée ».

Pourtant, la MONUSCO s’est montrée incapable de protéger dûment les civils et de rétablir le calme dans la région du Nord-Kivu, en proie à l’instabilité, préférant fournir un appui technique à l’armée congolaise, dont la formation demeure insuffisante.

Malgré la présence de la MONUSCO dans la région, le M23 s’est emparé des villes stratégiques de Rutshuru et Kiwanja les 7 et 8 juillet, sans rencontrer aucune résistance de la part des forces de l’ONU.

« Les récents combats dans le Nord-Kivu se sont déjà traduits par des violation des droits humains contre les civils et toute nouvelle flambée de violence leur fera courir de nouveaux risques, a assuré Aster van Kregten.

« L’avenir de la population de l’est du Congo repose désormais en grande partie entre les mains du Conseil de sécurité. Il est essentiel que la MONUSCO mette en œuvre son mandat afin de protéger efficacement les civils. »

Tandis que le M23 menace d’attaquer Goma, selon de récentes informations, les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), dont les dirigeants auraient pris part au génocide de 1994 au Rwanda, et d’autres groupes armés comme les Maï maï opèrent eux aussi dans le territoire de Rutshuru, ce qui ne fait qu’accroître les craintes pour la population civile.

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