Communiqué de presse

République dominicaine. Des policiers enfin poursuivis dans une importante affaire de meurtres

En République dominicaine, un procureur a inculpé cinq policiers et un officier de marine du meurtre de deux hommes, tués en 2009. Amnesty International considère que l’affaire à l’origine de cette inculpation est cruciale et met en évidence la nécessité et l’urgence d’une réforme radicale de la police dans ce pays des Caraïbes.

Le 19 janvier, le parquet de la province de Monte Cristi, dans le nord-ouest du pays, a engagé des poursuites contre ces hommes pour leur rôle dans l’homicide de William de Jesús Checo et de Cecilio Díaz, abattus le 10 octobre 2009.

Amnesty International réclame justice dans cette affaire, qu’elle a évoquée lors d’une rencontre avec le procureur général fin 2012.

« Après plus de trois ans, la décision d’inculper officiellement ces policiers et d’entamer les poursuites judiciaires représente une avancée majeure et nous espérons que l’enquête et le parquet remonteront aussi haut qu’il le faut dans la hiérarchie de la police pour découvrir à quel niveau réside la responsabilité de ces homicides », a déclaré Javier Zúñiga, conseiller spécial auprès d’Amnesty International.

« Nous espérons que les avancées dans cette affaire pousseront les autorités dominicaines à faire pression pour la mise en place de la réforme générale annoncée de la police nationale, qui est impliquée dans des centaines de cas d’homicides et de torture chaque année. »

Le 10 octobre 2009, les policiers qui viennent d’être inculpés sont soupçonnés d’avoir abattu William de Jesús Checo et Cecilio Díaz à Copey, dans la municipalité de Villa Vásquez (province de Monte Cristi). D’après la police, les deux hommes étaient recherchés à la suite de l’enlèvement d’Eduardo Baldera Gómez, un jeune homme qui avait disparu un mois auparavant à Nagua, dans le nord-est du pays.

La police nationale a affirmé que les deux hommes avaient été tués dans un échange de tirs entre les membres d’un gang et les agents, qui n’auraient fait que riposter, mais une enquête ouverte par le procureur général en novembre 2009 a réfuté ces affirmations et a conclu :

« Au vu des nombreux tirs visant les deux victimes et de leur trajectoire, l’échange de coups de feu présumé n’a pas eu lieu et une intention de tuer les deux hommes était manifeste. »

Les autorités dominicaines n’ont pas encore rendu justice dans d’autres cas de violations des droits humains liés à l’enlèvement d’Eduardo Baldera Gómez, tels que la disparition de Juan Almonte, le 28 septembre 2009.

Les services du procureur général ont récemment annoncé que les atteintes aux droits fondamentaux commises par des agents de l’État ne seraient plus tolérées à l’avenir.

« La politique de tolérance zéro annoncée en matière de violations des droits humains commises par les agents de l’État en République dominicaine est une rupture positive avec le passé ; mais le cas de William de Jesús Checo et de Cecilio Díaz n’est qu’un exemple parmi tant d’autres justifiant la réforme générale de la police nationale et la mise en place de mesures visant à prévenir les atteintes aux droits fondamentaux »
, a expliqué Javier Zúñiga.

Des centaines de personnes meurent chaque année des suites de violences policières en République dominicaine et justice n’est rendue que lentement, lorsqu’elle l’est.

Dans un rapport paru en octobre 2011, intitulé « Shut up if you don’t want to be killed », Amnesty International a décrit plusieurs affaires dans lesquelles des personnes avaient été tuées illégalement par la police.

En novembre 2012, le président a nommé une nouvelle commission pour la réforme de la police, dont la tâche était de présenter un projet de réforme comprenant notamment une proposition de loi organique relative à la police. Le président devrait soumettre sous peu cette proposition au Congrès.

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