République dominicaine, Le Protocole de santé exacerbe le racisme des politiques migratoires

Le 6 avril, le gouvernement de Luis Abinader a annoncé des mesures sur les questions migratoires [2], en particulier concernant un protocole pour l’accès des migrant·e·s aux services de santé publique en République dominicaine.

« Le président Luis Abinader doit opter pour des mesures visant à renforcer le système de santé. Non seulement la mise en place d’un système exposant des personnes migrantes à une expulsion après qu’elles ont reçu des soins médicaux porte atteinte au droit à la santé, mais elle déshumanise en outre les personnes sans papiers et risque de les dissuader de se rendre à l’hôpital, mettant ainsi des vies en danger », a déclaré Ana Piquer, directrice du programme Amériques à Amnesty International.

Selon ces annonces, le nouveau protocole de santé exige de la part des utilisateurs migrants « une pièce d’identité, un document établissant leur statut d’employé et un justificatif de domicile ». Il fixe par ailleurs un tarif pour les services proposés, et prévoit que les personnes qui ne sont pas en situation régulière seront expulsées après avoir été soignées.

Ces mesures illustrent l’attitude de défi croissante du gouvernement vis-à-vis des obligations auxquelles l’État dominicain est tenu, en vertu du droit international, et des recommandations en matière de droits humains adressées au pays par les organisations internationales. Elles bafouent par ailleurs le principe constitutionnel de l’accès gratuit et universel aux soins de santé en République dominicaine, consacrant la discrimination à l’égard de tous les migrant·e·s, mais plus directement à l’égard des Haïtien·ne·s sans papiers, des personnes en quête d’asile, des apatrides et des Dominicain·e·s d’origine haïtienne. Amnesty International a établi que les obstacles à l’accès aux services publics sont particulièrement marqués pour les enfants et les femmes enceintes migrants, qui connaissent une forte réprobation sociale lorsqu’ils exercent leur droit à la santé et à l’éducation.

« Amnesty International demande instamment au gouvernement de Luis Abinader de mettre immédiatement fin aux expulsions collectives de personnes haïtiennes, et d’abroger le protocole liant l’accès à des services de santé à une expulsion. Il doit au contraire prendre des mesures concrètes contre la discrimination raciale, assurer l’accès à la protection internationale pour les personnes en ayant besoin et garantir un environnement exempt de stigmatisation », a déclaré Ana Piquer.

Depuis octobre 2024, les autorités ont procédé à plus de 180 000 renvois forcés, qui constituent des pratiques d’expulsion collective, pourtant interdites par le droit international. Amnesty International a lancé le 21 avril une Action urgente pour demander l’arrêt des expulsions collectives de migrant·e·s haïtiens et l’abandon des politiques migratoires discriminatoires qui les affecteront de manière disproportionnée. Nous appelons la population dominicaine à rejeter ces mesures cruelles et racistes.

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