RÉPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE : Treize ans après les événements de Tiananmen : les droits humains des victimes continuent à être bafoués

Index AI : ASA 17/023/02

" Merci pour votre lettre Nous n’oublierons jamais celles et ceux qui sont morts en 1989. Pour nous, ils seront toujours vivants. Et avec votre aide, j’en suis sûre, ma vie sera plus facile à vivre. " Lettre d’une Mère de Tiananmen adressée à un membre d’Amnesty International au Canada.

Chaque année, à travers le monde, ont lieu des commémorations en hommage aux victimes de la violente répression déclenchée par les autorités chinoises contre le mouvement de 1989 en faveur de la démocratie. " Celles et ceux qui ont été tués ou emprisonnés en 1989 revendiquaient une réforme politique, un gouvernement qui admette la transparence et l’obligation de rendre des comptes, ainsi que la fin de la corruption. La plupart d’entre eux manifestaient de manière pacifique ", a déclaré Amnesty International.

Treize ans après ces événements, en dépit d’appels répétés lancés depuis la Chine et l’étranger, les autorités chinoises n’ont à ce jour donné aucun renseignement sur les personnes tuées, blessées et emprisonnées lors de la répression de 1989 contre le mouvement en faveur de la démocratie.

En Chine, l’un des groupes qui évoque le plus ouvertement le sujet – et qui compte également parmi les plus vulnérables – est celui des Mères de Tiananmen, qui font campagne pour obtenir réparation de la part des autorités chinoises. Cette année, les noms de Ding Zilin et d’autres membres de ce collectif figurent sur la liste des candidats soumis à l’examen de la Commission des lauréats du prix Nobel de la paix. Amnesty International continue d’apporter son soutien aux Mères de Tiananmen qui cherchent à obtenir réparation et demandent au gouvernement de rendre des comptes sur ce qui s’est passé.

Amnesty International a recensé 195 cas de personnes toujours incarcérées à la suite de procès sommaires et inéquitables, soit en raison de leur participation au mouvement de protestation de 1989, soit pour avoir demandé, par la suite, une révision du " verdict " officiel rendu après les événements. Le nombre de personnes se trouvant dans ce cas est en réalité bien plus élevé ; en effet, Amnesty International continue de recevoir des témoignages sur des personnes incarcérées pour leur implication dans les événements de 1989.

" Le cercle des victimes s’élargit chaque année ", a déclaré Amnesty International. " Les personnes qui souhaitent commémorer l’anniversaire de la répression, dont le point culminant a été le massacre du 4 juin 1989, continuent d’être arrêtées et envoyées dans des camps de travail. Ceux qui demandent que les événements soient réexaminés – en lançant, par exemple, des appels sur Internet – sont également appréhendés et condamnés pour avoir attiré l’attention sur la répression de 1989. "

Au mois de décembre 2001, Wang Jinbo, membre du Parti Démocratique de Chine (PDC), originaire de la province du Shandong, a été reconnu coupable de " subversion " et condamné à quatre ans d’emprisonnement. Il était inculpé de plusieurs infractions, à la suite notamment de la diffusion sur Internet d’un message exhortant les autorités chinoises à annuler le jugement rendu après le mouvement de protestation de 1989.

Un autre dissident, Huang Qi, originaire de la ville de Chengdu dans la province du Sichuan, a été arrêté le 3 juin 2000, veille du 11ème anniversaire du massacre de la place Tiananmen. Il avait créé un site Internet dont l’un des objectifs était de retrouver les parents et amis des victimes de la répression ; ce site contenait également des articles relatifs aux événements de 1989.

Par la suite, Huang Qi a été inculpé de " subversion ", mais son procès a été repoussé à plusieurs reprises. Il a finalement été jugé en secret le 14 août 2001. Aucun membre de sa famille n’a été autorisé à assister à l’audience et le verdict n’a pas été rendu public.

Ces deux arrestations s’inscrivent dans une série de mises en détention et de procès qui reflètent la détermination du gouver-nement à empêcher tout réexamen du massacre perpétré il y a treize ans ou tout débat le concernant.

Amnesty International exhorte une fois de plus les autorités chinoises à libérer toutes les personnes qui sont encore emprisonnées pour leur implication, de près ou de loin, dans les manifestations de 1989 ; à rendre des comptes sur les cas de toutes celles qui ont été tuées ou blessées ; et à accorder réparation aux familles. " En prenant de telles mesures, le gouvernement mettrait un point final au long combat mené dans le but d’obtenir réparation pour les violations des droits humains commises par le passé ; cela constituerait un progrès décisif de la part de la Chine, à l’heure où la communauté internationale se montre favorable à la création d’une Cour pénale internationale chargée d’élucider les cas de graves violations des droits humains ", a déclaré Amnesty International.

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