Communiqué de presse

République tchèque. Il faut protéger les Roms qui risquent d’être victimes de violences avant le début des manifestations d’extrême droite

Les autorités tchèques doivent protéger les populations roms contre la violence et les actes d’intimidation, ont déclaré Amnesty International et le Centre européen pour les droits des Roms (CEDR) à la veille de manifestations contre les Roms prévues dans tout le pays.

Des groupes d’extrême droite organisent des manifestations anti-Roms dans 13 villes tchèques. L’une de ces manifestations est prévue dans la ville de Vítkov, où, en 2009, des sympathisants d’extrême droite ont failli tuer une petite fille de deux ans, Natalka, en mettant le feu à une maison appartenant à des Roms.

« Le gouvernement doit veiller à ce que ces manifestations ne donnent pas lieu à des violences contre les populations roms et faire en sorte que les personnes en danger soient protégées », a déclaré John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

Le CEDR a recensé neuf marches et rassemblements anti-Roms dans le pays depuis avril 2013, qui ont parfois eu lieu dans une même ville.

« La situation est extrêmement tendue en République tchèque à l’heure actuelle, les groupes d’extrême droite gagnent rapidement en influence. Beaucoup de familles roms et de militants avec qui nous discutons craignent pour leur sécurité, en particulier avant des manifestations comme celles prévues demain », a indiqué Dezideriu Gergely, directeur exécutif du CEDR.

La mère de la petite Natalka a récemment confié au CEDR : « Nous avons peur de subir de nouvelles attaques. Nous ne comprenons pas comment le gouvernement peut les autoriser à défiler dans cette ville, où tout le monde sait qui ils sont. Ces manifestations vont déclencher de nouvelles violences contre nous et nous craignons que d’autres familles roms soient attaquées.  »

À l’heure actuelle, entre 150 000 et 300 000 Roms vivent en République tchèque. Tout au long de l’histoire, cette population a été victime de préjugés, de racisme et de discrimination à grande échelle, et c’est encore le cas aujourd’hui.

Les Roms font face à la discrimination dans tous les aspects de la société, y compris pour le logement, la santé ou encore l’emploi. Les attaques violentes contre des Roms ont beaucoup augmenté ces dernières années. Le CEDR en a recensé au moins 48 entre janvier 2008 et décembre 2012.

Récemment, les services de renseignement tchèques (BIS) se sont dits gravement préoccupés par l’atmosphère anti-Roms qui règne dans le pays et le Commissaire aux droits humains du gouvernement a convoqué, le 1er août, une réunion d’un groupe de travail pour faire face à la situation.

En juillet 2013, le Comité des droits de l’homme des Nations unies a exprimé son inquiétude vis-à-vis du climat anti-Roms en République tchèque et, notamment, des déclarations discriminatoires de personnalités politiques dans les médias et lors de manifestations de groupes d’extrême droite.

« Nous avons constaté au cours de l’année passée une tendance profondément inquiétante, à savoir que la discrimination déjà bien établie contre les Roms atteint de nouveaux sommets. Il s’agit d’un problème fondamental sur lequel les autorités tchèques ne peuvent pas fermer les yeux », a souligné John Dalhuisen.

Dans le jugement qu’elle a rendu en juillet concernant les manifestations de groupes d’autodéfense en Hongrie qui traversaient des sites où étaient installés des Roms, la Cour européenne des droits de l’homme a estimé que le droit de réunion pacifique peut être limité lorsqu’il est exercé de façon répétée dans le but d’intimider la population locale.

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