La police souhaite que la violence domestique ne soit plus considérée comme une priorité dans le Plan national de sécurité. « Une gifle pour les plus de 40.000 victimes qui ont osé faire cette démarche chaque année », a déclaré Philippe Hensmans, directeur d’Amnesty International. « Et pour beaucoup d’autres également, parce que la grande majorité des faits ne sont pas déclarés. »
Une carte de la violence conjugale montre qu’une personne n’est considérée comme victime qu’après une moyenne de 35 incidents, selon l’Institut pour l’égalité entre les femmes et les hommes, lorsque sa vie est en danger ou lorsque les enfants encourent un risque. En 2013, la violence conjugale a été fatale pour 162 personnes en Belgique. La violence domestique est un problème social majeur.
Au cours des dernières années, plusieurs efforts ont été faits dans la lutte contre la violence domestique. « L’approche s’est en effet améliorée au cours des dernières années, mais pas globalement et cela dépend souvent de l’engagement personnel des parties prenantes locales. Le processus n’a pas encore été structurellement intégré. Aujourd’hui, de nombreuses victimes sont toujours dans la souffrance. Toutes les victimes ne sont pas connues, toutes les procédures ne sont pas parfaites, trop de monde ignore ce problème. Le nombre de signalements est un des plus élevés dans les statistiques de la police. Cette situation reste scandaleuse », a déclaré Philippe Hensmans.
Dans le plan de sécurité précédent, la violence entre partenaires a été traitée sous la rubrique « violence domestique et violence contre les femmes ». Amnesty International est extrêmement préoccupée par le fait que cette position de la police pourrait compromettre l’attention prioritaire que promettent tous les accords de gouvernement pour lutter contre le viol. Les chiffres officiels pour le viol dans notre pays sont élevés à un point tel que cela en devient hallucinant.. Chaque jour, huit plaintes pour viol sont soumises. 90% des infractions sexuelles ne sont même pas déclarées.
La police a affirmé que son approche fonctionne et est efficace. Cela est en contradiction avec ce qui s’observe sur le terrain et les conclusions qu’elle en tire sont illogiques.
« Les priorités du plan de sécurité ne devraient pas être choisies simplement parce que ce sont de nouveaux défis, mais elles doivent être une expression de la mesure et l’importance sociale accordée à un type particulier de crime », a déclaré le directeur d’Amnesty International.
De plus, la police n’est qu’une pièce du puzzle. Le Plan de sécurité a en effet des implications importantes pour les poursuites et le suivi juridique des plaintes. Là également, beaucoup reste à faire pour améliorer la réponse à la fois la violence du partenaire et la violence sexuelle. En outre, un nouveau plan d’action contre la violence contre les femmes est en train d’être élaboré. Cette proposition de la police mine la possibilité d’élaborer un plan solide. Une attention constante est nécessaire. Amnesty International appelle le gouvernement à maintenir à la fois la lutte contre la violence domestique et la violence sexuelle comme une de ses priorités.
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