Communiqué de presse

Risque de torture pour un journaliste syrien

En Syrie, les journalistes et militants transmettant aux médias des informations relatives aux troubles dont le pays est le théâtre risquent la torture et d’autres formes de mauvais traitements, a déclaré Amnesty International mercredi 24 août alors qu’un journaliste entamait sa deuxième semaine de détention au secret.

Le 17 août, Adel Walid Kharsa a été arrêté par les forces de sécurité dans sa ville, Hama, en raison semble-t-il de la couverture qu’il a faite des manifestations.

Selon certaines informations reçues par Amnesty International, les autorités ont torturé d’autres détenus dans le but de découvrir s’ils avaient évoqué les événements en Syrie avec les médias régionaux et internationaux.

« Il semble qu’Adel Walid Kharsa ait été arrêté pour avoir rendu compte des actions de protestation populaires et de la répression brutale menée par les forces de sécurité gouvernementales à Hama », a déclaré Philip Luther, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Si tel est le cas, il s’agit d’un prisonnier d’opinion et il doit être libéré immédiatement et sans condition.

Les autorités doivent veiller à ce qu’Adel Walid Kharsa soit protégé de la torture et des autres formes de mauvais traitements, soit immédiatement autorisé à entrer en contact avec sa famille et l’avocat de son choix et puisse bénéficier de tous les soins médicaux dont il a besoin. »

Le jeune homme de 25 ans a quitté la Syrie l’an dernier pour trouver du travail aux Émirats arabes unis. Il était tellement bouleversé par ce qui se passait dans son pays qu’il y est rentré en juin et a commencé à rendre compte des actes de violence et des homicides dont il était témoin à Hama.

Bien qu’il ait pris des précautions en faisant ses comptes-rendus anonymement par téléphone, son identité à été découverte par des membres des forces de sécurité syriennes.

Il a reçu des appels sur son téléphone portable de la part de membres des forces de sécurité lui ordonnant de se « repentir » et de se rendre aux autorités. Il a refusé et est entré dans la clandestinité.

Le 17 août à 5 heures du matin, il a été appréhendé par les forces de sécurité dans la maison où il se cachait. Il est maintenu en détention au secret depuis lors.

Les forces de sécurité syriennes procèdent à un grand nombre d’arrestations depuis que des manifestants ont commencé à réclamer massivement, à la mi-mars, le départ du président Bachar el Assad.

Des personnes considérées comme ayant organisé ou publiquement soutenu ces mouvements, que ce soit dans un discours lors d’un rassemblement public, dans la presse, sur Internet ou ailleurs, ont également été arrêtées.

On peut par exemple citer « Wael » (son nom a été changé), 28 ans, arrêté en mai et maintenu en détention pendant trois semaines car il était accusé d’avoir filmé des manifestations avec son téléphone dans sa ville, Tell Kalakh, au sud de la ville d’Homs (ouest du pays). Il a livré ce récit à Amnesty International :

« On m’a emmené devant un interrogateur […] Il m’a accusé d’être un correspondant d’Al Jazira, de la BBC et des chaînes télévisées de Wesal [établies dans le Golfe]. S’il est vrai que j’ai filmé ces événements avec mon téléphone, je n’ai envoyé ces enregistrements à aucune chaîne. »

« Wael » a dit avoir été forcé à rester dans la position douloureuse dite du shabah (fantôme), les poignets attachés à une barre placée à une hauteur suffisante pour qu’il soit obligé de se tenir sur la pointe des pieds, pendant six heures. Il a déclaré avoir également été aspergé d’eau et avoir reçu des décharges électriques.

« Alors qu’il avait décidé de retourner en Syrie pour couvrir le soulèvement, Adel Walid Kharsa a déjà perdu sa liberté. Comme de nombreuses autres personnes arrêtées dans le cadre de la répression menée par le régime, il risque désormais d’être victime d’actes de brutalité tant qu’il se trouvera aux mains des autorités », a conclu Philip Luther.

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