Russie. Attaque contre les opposants qui manifestent publiquement

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

EUR 46/013/2007

Amnesty International lance un appel aux autorités russes pour qu’elles enquêtent de façon indépendante et impartiale sur les brutalités policières signalées lors des manifestations anti-gouvernementales qui se sont déroulées à Moscou et Saint-Pétersbourg les 14 et 15 avril. Les forces de l’ordre auraient notamment frappé les manifestants à coups de pied et coups de matraques.

« Les autorités russes doivent enquêter sur toutes les plaintes déposées pour violences policières. Il est de leur devoir d’instaurer un climat permettant aux personnes victimes de blessures physiques, d’actes de harcèlement ou d’intimidation, de déposer plainte sans difficulté, a déclaré Nicola Duckworth, directrice du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« L’action des forces de l’ordre pourrait avoir constitué une violation du droit à la liberté d’expression et à la liberté de réunion, que les autorités sont dans l’obligation de respecter, ainsi qu’une violation de l’interdiction de tout mauvais traitement. »

En dépit de déclarations officielles des autorités, selon lesquelles les manifestants seraient traités « poliment » et conformément à la loi, les témoignages des délégués d’Amnesty International présents sur place, ainsi que les informations fournies par un certain nombre de participants et d’observateurs, montrent que les autorités n’ont pas tenu leur promesse. Des membres des unités spéciales de police (OMON) ont frappé des manifestants pacifiques qui participaient aux Marches du désaccord organisées à Moscou et Saint-Pétersbourg. Selon le personnel médical de l’un des hôpitaux proche des lieux de la manifestation à Moscou, 54 personnes ont reçu des soins samedi après avoir été blessées au moment de la dispersion violente de la manifestation.

Amnesty International a suivi avec attention les évènements qui se sont déroulés à Moscou et observé un certain nombre d’atteintes aux droits humains commises par les forces de l’ordre en cette journée, notamment :
  un usage excessif et illégal de la force ;
  des mises en détention illégales de participants à la Marche du désaccord ;
  des mises en détention illégales de journalistes couvrant la manifestation ;
  le refus du droit à un avocat pour les détenus jugés en comparution.

Le défenseur des droits humains Stanislav Dmitrievski était parmi les personnes interpellées. Arrêté avant d’avoir atteint la place Pouchkine au centre de Moscou d’où la manifestation devait partir, il n’a été remis en liberté qu’environ cinq heures plus tard, en violation de la loi russe. Plusieurs participants à la manifestation de Moscou avaient pris un train de nuit pour se rendre à Saint-Pétersbourg où ils comptaient prendre part à une manifestation qui avait reçu l’aval des autorités de la ville. Selon l’un des participants, ils ont été arrêtés à leur arrivée à la gare et retenus pendant plus de trois heures, délai maximum autorisé par la loi en Russie dans ce type de circonstances.

Les observateurs d’Amnesty International ont également été témoins de l’arrestation de deux membres d’une équipe de la chaîne de télévision allemande ZDF qui filmaient une manifestation autorisée sur la place Tourgueniev à Moscou, en dépit de leurs accréditations en bonne et due forme. Selon la ZDF, l’équipe a été remise en liberté au bout d’une heure.

Selon Youri Schmidt, avocat et défenseur des droits humains à Saint-Pétersbourg, plusieurs des personnes arrêtées à Saint-Pétersbourg, jugées et condamnées pour hooliganisme mineur, n’ont pu bénéficier de l’assistance d’un avocat et aucun témoin n’était présent pour confirmer les allégations de violations du code administratif.

Amnesty International appelle les autorités russes à enquêter sur les violences qui se sont produites au cours de la manifestation et à respecter et protéger le droit à la liberté de réunion et à la liberté d’expression.

Complément d’information

Au cours de ces derniers mois, les unités spéciales de police (OMON) ont eu recours à la violence à de nombreuses reprises pour disperser des Marches du désaccord pacifiques, selon la dénomination choisie par les organisateurs. À Saint-Pétersbourg, Nijni Novgorod et Moscou, des groupes de l’opposition et des militants de la société civile n’ont pu exprimer leur opposition au cours de marches et de manifestations pacifiques. Des centaines de personnes ont été arrêtées, inculpées de violations du code administratif et empêchées d’assister à des manifestations dont certaines avaient pourtant été autorisées.

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