Russie, Les autorités doivent protéger un demi-million de détenus

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Les autorités russes doivent prendre de toute urgence des mesures afin de remédier aux conséquences potentiellement dévastatrices d’une propagation de la COVID-19 parmi la population carcérale, écrit Amnesty International dans une lettre adressée aux agences gouvernementales russes. Sur une population carcérale comptant 519 600 personnes en Russie, au moins 9 000 ont plus de 60 ans et beaucoup d’autres souffrent de problèmes de santé.

« L’état actuel du système pénitentiaire russe, marqué par la surpopulation, une mauvaise ventilation et un manque d’installations sanitaires et de soins médicaux, expose les prisonniers à un risque accru de contracter des maladies infectieuses. Si les autorités ne mettent pas en place de toute urgence des mesures de protection, la pandémie de COVID-19 pourrait frapper les prisons russes de plein fouet, a déclaré Natalia Priloutskaïa, chercheuse sur la Russie à Amnesty International.

Certains aspects du système pénitentiaire russe sont particulièrement dangereux en cette période d’épidémie de COVID-19, notamment les conditions de transport des prisonniers

« De nombreuses personnes incarcérées souffrent déjà de problèmes de santé et se trouvent dans des colonies pénitentiaires à des centaines de kilomètres de chez elles et bien loin des hôpitaux civils.

« Il faut agir de toute urgence pour éviter une éventuelle catastrophe et c’est pourquoi nous exhortons les autorités russes à envisager différentes façons de diminuer la population carcérale du pays.

« Elles doivent envisager des libérations – notamment pour les personnes placées en détention en attente de jugement et celles qui sont plus vulnérables au virus, parce qu’âgées ou en mauvaise santé – et prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé de tous les prisonniers. »

Certains aspects du système pénitentiaire russe sont particulièrement dangereux en cette période d’épidémie de COVID-19, notamment les conditions de transport des prisonniers : ils sont entassés dans des espaces exigus, dans des trains dépourvus de ventilation et de lumière naturelle, avec de l’eau en quantité insuffisante et peuvent rarement se rendre aux toilettes. Du fait des distances, lorsqu’ils sont transportés sur des centaines de kilomètres vers des colonies pénitentiaires reculées, certains voyagent pendant des semaines dans ces conditions déplorables.

D’après les derniers chiffres disponibles, près de 97 000 détenus, soit 18,7 % de la population carcérale en Russie, se trouvent en détention provisoire, où la surpopulation est fréquente, ce qui accroît les risques face à la COVID-19.
Ces personnes risquent de rester plus longtemps en détention, puisque tous les procès sont désormais suspendus. Alors qu’il existe une présomption de libération dans l’attente du procès, la détention provisoire ne devant être utilisée qu’à titre de mesure exceptionnelle et en dernier recours, en Russie, de très nombreux suspects de droit commun sont détenus dans l’attente de leur procès sans que le caractère nécessaire et proportionnel d’une telle mesure ne soit dûment examiné.

« Il faut en urgence étudier avec minutie toutes les décisions relatives au placement en détention provisoire des suspects de droit commun, a déclaré Natalia Priloutskaïa.

« Enfin, nous demandons une nouvelle fois la libération de tous les prisonniers d’opinion, incarcérés uniquement pour avoir exercé pacifiquement leurs droits humains. Ils n’auraient jamais dû être emprisonnés au départ. »

Complément d’information

Les prestations de soins de santé aux prisonniers relèvent de la responsabilité de l’État. Ils doivent recevoir des soins médicaux de même qualité que ceux disponibles dans la société, y compris lorsqu’il s’agit de tester, prévenir et traiter la COVID-19. Tous les centres de détention doivent être équipés de gels désinfectants ou de tout autre produit que les détenus et le personnel pénitentiaire peuvent utiliser. Il importe de garantir l’accès permanent à l’eau courante.

Enfin, les autorités russes doivent étudier les répercussions potentiellement néfastes sur la santé mentale des restrictions déjà mises en œuvre en ce qui concerne les visites des familles et des avocats. D’autres moyens de communication avec le monde extérieur doivent être proposés.

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