« Cette décision éhontée du Kremlin s’inscrit dans le droit fil de l’utilisation faite de la loi sur les organisations « indésirables » pour s’attaquer aux personnes critiques et les réduire au silence. Le seul but de cette loi est de réprimer les organisations indépendantes et de poursuivre les personnes qui ont des liens avec elles. Bien que Russie ouverte se soit récemment autodissoute pour empêcher les autorités de s’en prendre à ses membres, la chasse aux sorcières se poursuit », a déclaré Natalia Zviaguina, directrice du bureau d’Amnesty International à Moscou.
« Les autorités russes doivent mettre fin aux représailles contre leurs opposants politiques et les autres voix critiques dans le pays. Andreï Pivovarov doit être immédiatement libéré, toutes les charges qui pèsent sur lui et sur d’autres personnes poursuivies au titre de la loi sur les « organisations indésirables » doivent être abandonnées, et cette loi discriminatoire doit être abrogée. »
Complément d’information
Dans la soirée du 31 mai, la police a fait descendre Andreï Pivovarov d’un vol à destination de Varsovie alors que l’avion était déjà sur la piste et s’apprêtait à décoller. Andreï Pivovarov a été arrêté dans le cadre d’une affaire pénale au titre de l’article 284.1 (« mener les activités d’une organisation indésirable »). Les autorités russes ont interdit l’organisation Russie ouverte, qui est basée au Royaume-Uni, en avril 2017. Cette décision a été suivie de représailles de grande ampleur contre le groupe russe du même nom.
L’« acte criminel » reproché à Andreï Pivovarov, selon l’enquête, consiste à avoir partagé en août 2020 une publication Facebook des Démocrates unis - un groupe qui soutient les candidats indépendants et les élections pluralistes. L’une des personnes candidates aux élections locales mentionnées dans le message était Iana Antonova, qui dirigeait auparavant l’antenne de Russie ouverte à Krasnodar et a été condamnée pour infraction à la loi sur les « organisations indésirables ».
Le domicile d’Andreï Pivovarov a été perquisitionné sans mandat plus tard dans la soirée, sous prétexte d’« urgence ». Andreï Pivovarov a été maintenu en détention pendant la nuit et transféré le 1er juin à Krasnodar, dans le sud de la Russie.
Très tôt dans la matinée du 1er juin, des enquêteurs accompagnés par l’unité spéciale des forces de police ont perquisitionné les domiciles d’Alexandre Soloviov, prédécesseur d’Andreï Pivovarov à Russie ouverte, de Dmitri Goudkov, ancien député à la Douma d’État (chambre basse du Parlement), de son assistant Vitali Venediktov et de la tante de Dmitri Goudkov, Irina. Il semble que ces perquisitions aient été menées dans le cadre d’une autre affaire pénale, mais compte tenu du moment où elles ont eu lieu, il pourrait s’agit d’une action coordonnée des autorités contre d’autres membres de l’opposition connus pour s’exprimer haut et fort.