« Le cas de Dimitri Ivanov est un nouvel exemple de la brutalité avec laquelle les autorités russes répriment l’opposition à la guerre. Il montre que quiconque affirme que les forces russes ont commis des crimes de guerre sera puni de plusieurs années derrière les barreaux », a déclaré Natalia Zviaguina, directrice d’Amnesty International Russie.
« L’appareil judiciaire n’essaie même plus de maintenir le moindre semblant d’impartialité. Le parquet et le juge ont traité les déclarations de représentants de l’État comme factuelles et vraies, et ne devant faire l’objet d’aucun vérification indépendante. Tout élément venant les contredire a été qualifié de fausse information.
« Dimitri Ivanov est un prisonnier d’opinion. Ce jeune homme et toutes les personnes poursuivies et condamnées pour s’être exprimées contre l’invasion de l’Ukraine par la Russie doivent être libérés immédiatement et sans condition, et les charges retenues contre eux abandonnées. Les articles de loi criminalisant les critiques concernant l’invasion de l’Ukraine doivent être abrogés, parce qu’ils portent atteinte au droit à la liberté d’expression. »
Contexte
Mardi 7 mars, le tribunal de l’arrondissement de Timiriazevski, à Moscou, a condamné Dimitri Ivanov, étudiant en informatique à l’université d’État de Moscou (MSU) et blogueur sur la chaîne Telegram « Protest MSU » à huit ans et demi d’emprisonnement. Il a été déclaré coupable de « dissémination délibérée de fausses informations sur les forces armées russes, motivée par la haine politique ou idéologique » (Article 207.3(2) du Code pénal russe).
Il a été inculpé pour des publications sur la chaîne « Protest MSU » faisant état d’attaques russes présumées contre la centrale nucléaire de Zaporijjia, de frappes illégales contre des villes ukrainiennes et de crimes de guerre dans les villes ukrainiennes de Boutcha et Irpine, ainsi que pour avoir utilisé les terme proscrit de « guerre » au lieu de l’expression « opération militaire spéciale ».
Le 2 juin 2022, Dimitri Ivanov était sur le point d’être relâché après avoir purgé une peine de 35 jours de détention administrative pour avoir enfreint la répressive loi russe relative aux rassemblements publics, mais a au lieu de cela été inculpé et transféré en détention provisoire. Le 20 janvier 2023, Dimitri Ivanov aurait été roué de coups par des gardes au tribunal. Selon son avocat, la direction du centre de détention provisoire a par ailleurs bafoué son droit de communiquer en n’envoyant pas ses lettres à leurs destinataires.