En réaction à ces informations, la directrice d’Amnesty International Russie, Natalia Zviagina, a déclaré :
« Les actes du chamane peuvent paraître excentriques, mais la réaction des autorités russes est grotesque. Ont-elles réellement peur de ses pouvoirs magiques ? Alexandre Gabychev devrait être libre d’exprimer ses opinions politiques et de pratiquer sa religion.
« Des histoires qui semblent appartenir au folklore russe ont donné lieu, dans la Russie actuelle, à un nouvel acte de répression brutale des droits humains. Depuis qu’Alexandre Gabychev a entamé son périple, il n’a commis aucune infraction. Sa détention est arbitraire et pourrait bien s’apparenter à une disparition forcée.
« Les autorités russes doivent révéler immédiatement ce qu’il est advenu d’Alexandre Gabychev et où il se trouve, et le libérer immédiatement et sans condition. Cet homme est un prisonnier d’opinion, privé de sa liberté pour la simple raison qu’il a exercé pacifiquement ses droits à la liberté d’expression et de réunion. »
Complément d’information
Alexandre Gabychev, un chamane de la République russe de Sakha (Iakoutie), a entamé en mars sa marche de 8 000 km pour rejoindre Moscou. Il a depuis parcouru quelque 3 000 km, attirant de nombreux sympathisants, et s’est exprimé à l’occasion de plusieurs rassemblements publics spontanés tout au long de son voyage.
Des témoins ont raconté que, le 19 septembre au matin, des agents des forces de l’ordre armés et masqués ont encerclé le site où campaient Alexandre Gabychev et ses compagnons de voyage, à proximité du village de Vydrino. Ils ont emmené le chamane, sans révéler leur identité ni expliquer leurs actes. On ignore toujours où il se trouve et le sort qui lui a été réservé.
Un peu plus tôt au mois de septembre, plusieurs de ses sympathisants ont été arrêtés à Oulan-Oudé, capitale de la République russe de Bouriatie, et deux véhicules utilisés par ceux-ci ont été saisis. Des manifestations ont été organisées à partir du 9 septembre pour dénoncer les arrestations à Oulan-Oudé, mais elles ont été violemment dispersées par la police le 12 septembre.