« La répression exercée par les autorités russes contre les médias indépendants s’intensifie à une vitesse fulgurante. Manifestement, le Kremlin ne se contente plus de bloquer les sites d’information critiques ou de contraindre les journalistes à l’exil, et cherche maintenant à enfermer les journalistes qui parlent des manifestations contre la guerre ou des soldats russes qui refusent de se battre en Ukraine, a déclaré Marie Struthers, directrice pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale à Amnesty International.
« Mikhaïl Afanassiev et Sergueï Mikhaïlov, ainsi que tous les autres journalistes arrêtés uniquement pour avoir fait des reportages sur l’armée russe, doivent être libérés immédiatement et sans condition. Amnesty International appelle les autorités russes à abroger le tristement célèbre article 207.3 du Code pénal et à cesser de réprimer l’exercice de la liberté d’expression et de la liberté de la presse. »
Complément d’information
Le 13 avril, les forces de sécurité russes ont arrêté Mikhaïl Afanassiev, rédacteur en chef du journal en ligne Novy Fokus, à Abakan (République de Khakassie). Le jour même, la police a appréhendé Sergueï Mikhaïlov, le fondateur du journal LIStok, dont le siège se trouve à Gorno-Altaïsk (République de l’Altaï). Sergueï Mikhaïlov a été arrêté à Moscou avant d’être renvoyé en Altaï, où un tribunal statuera sur sa détention provisoire.
Les deux hommes se voient reprocher d’avoir diffusé « en connaissance de cause des informations fausses sur les forces armées russes ». S’ils sont déclarés coupables, ils encourent une peine pouvant aller jusqu’à 10 ans d’emprisonnement.
Le 4 avril, Novy Fokus a signalé que 11 policiers antiémeute de Khakassie avaient refusé d’aller faire la guerre en Ukraine. Le 13 avril, les autorités russes ont arrêté Mikhaïl Afanassiev et fouillé son domicile, saisissant ses ordinateurs et d’autres appareils numériques.
Le 14 avril, LIStok a été condamné à payer 300 000 roubles (environ 4 000 dollars des États-Unis) pour avoir « appelé à des sanctions contre la Russie ». Le jour de l’arrestation de Sergueï Mikhaïlov, les autorités ont également perquisitionné les locaux de LIStok et le domicile de son rédacteur en chef. Le site Internet du journal est bloqué depuis le mois de mars pour promotion d’événements antiguerre.