Communiqué de presse

Russie. L’interpellation de 1 200 migrants est « discriminatoire et illégale »

L’arrestation et le placement en détention arbitraires de plus de 1 200 migrants lors d’une rafle effectuée le 14 octobre sur un marché de Moscou, en réaction au meurtre d’un Russe, est un nouvel exemple de pratiques discriminatoires et excessives dans le domaine du maintien de l’ordre, a déclaré Amnesty International.

Un Azerbaïdjanais, dont l’interpellation n’a pas eu lieu dans le cadre de la récente vague d’arrestations, a été désigné aujourd’hui 15 octobre comme suspect de cet assassinat, qui a déclenché au cours du week-end d’importantes émeutes prenant les migrants pour cibles.

« Les arrestations en masse de plus d’un millier de migrants par la police russe qui cherchait un meurtrier présumé ont un caractère fortement discriminatoire et manifestement illégal, a affirmé Denis Krivosheev, chercheur d’Amnesty International sur la Russie.

« Ces opérations, de toute évidence, ont été menées pour faire de l’effet, et non pour une raison juridique justifiable. De telles mesures policières font le jeu des attitudes xénophobes présentes dans la société et les attisent. »

Une foule en furie a pris part à des émeutes dans un quartier de Moscou, Biriouliovo, tout au long du week-end des 12 et 13 octobre, à la suite du meurtre d’un homme de 25 ans, Igor Chtcherbakov, le bruit ayant couru qu’il avait été poignardé par un immigré originaire d’Asie centrale ou du Caucase.

Les émeutiers ont fracassé les vitrines de boutiques tenues par des immigrés, ont mis le feu à des commerces et ont barbouillé des emblèmes nazis sur leurs étals au marché.

Ce type de violences est de plus en plus fréquent à Moscou, mais la plupart des crimes motivés par la haine sont ignorés par la police.

Des milices privées d’extrême-droite ont agressé dans la rue de nombreux migrants en exigeant de voir leurs titres de séjour, sans que les autorités s’émeuvent outre mesure de ces actes.

La xénophobie est banalisée à Moscou, à tel point que le mois dernier, lors des élections municipales, tant Sergueï Sobianine, candidat favorable au gouvernement, que l’opposant Alexeï Navalny avaient placé au cœur de leur campagne une politique de rejet de l’immigration.

Certains des migrants arrêtés le 14 octobre ont déjà été relâchés, mais d’autres seront placés en détention administrative et devront payer des amendes, et ils seront nombreux à être expulsés.

« Les autorités russes doivent affronter le problème de plus en plus grave du racisme en Russie en agissant contre les crimes de haine visant les migrants et en contrecarrant les discours xénophobes qui envahissent la vie politique de ce pays et envoient à toute la société un message erroné », a conclu Denis Krivosheev.

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