Russie. Journée de l’unité nationale – Une journée pour défier le racisme

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

EUR 46/049/2007

Alors que la Russie s’apprête à célébrer la Journée de l’unité nationale le 4 novembre, Amnesty International demande instamment aux autorités de s’élever publiquement contre le racisme et la violence à l’égard des étrangers et des membres des minorités ethniques et d’affirmer clairement que les violences à caractère raciste sont totalement inacceptables.

« Il ne se passe guère de jour sans que soit signalée une nouvelle agression sur des personnes d’origine non russe ou n’ayant pas une apparence russe ou slave – trois membres de groupes ethniques minoritaires ont été poignardés à mort au cours d’un seul week-end récemment à Moscou
, a déclaré Nicola Duckworth, directrice du programme Europe et Asie centrale à Amnesty International.


« Les circonstances dans lesquelles ce type d’agressions se produit indiquent qu’elles pourraient avoir un caractère raciste, pourtant les autorités ont tendance à les classer dans la rubrique « hooliganisme ».

Le Centre analytique et d’information SOVA, organisation non gouvernementale (ONG) russe spécialisée dans l’étude des violences racistes, principalement à travers les reportages des médias, a annoncé le 1er octobre 2007 que pour la période allant du 1er janvier au 30 septembre 2007, il y avait eu en Russie pas moins de 230 agressions à caractère raciste ; ces violences ont concerné 439 personnes et ont été fatales à 46 d’entre elles. En 2006, il y avait eu pour la même période 280 agressions, qui avaient fait 401 victimes ; quarante et une personnes étaient décédées des suites de leur agression.

Si les agressions contre des ressortissants étrangers de pays éloignés (d’Afrique, d’Asie, du Moyen-Orient, des Amériques) représentent un sérieux problème, on constate aussi une augmentation alarmante du nombre d’agressions signalées sur des personnes d’origine non slave ou n’ayant pas l’apparence de Russes « typiques », originaires de pays comme l’Arménie, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et la Géorgie ou de régions faisant partie de la Fédération de Russie – comme les républiques de Tchétchénie, d’Ingouchie, du Tatarstan et du Daghestan.

Dans son rapport intitulé What progress has been made since May 2006 to tackle violent racism ? Amnesty International fait remarquer que les agressions racistes avec violences se sont poursuivies en 2006 et 2007 en Russie avec une régularité troublante, principalement dans les grandes villes comme Moscou, Saint-Pétersbourg et Nijni Novgorod où vivent de nombreux étrangers.

« Bien que les autorités fassent de plus en plus d’efforts pour reconnaître que le racisme pose un véritable problème, les réactions officielles restent insuffisantes et les condamnations pour agressions racistes, si elles sont en augmentation, sont toujours trop peu nombreuses et trop espacées », a déclaré Nicola Duckworth.

Trois membres de groupes ethniques minoritaires – un Arménien, un Ouzbek de souche et un Yakoute de souche – ont été poignardés à mort au cours du seul week-end du 20 et 21 octobre à Moscou. Deux hommes d’apparence non slave – originaires d’Ouzbékistan et du Tadjikistan – ont également été agressés et ont dû être hospitalisés pour des blessures graves. Deux des homicides seraient liés à des violences qui auraient éclaté après un match de football ; des jeunes des quartiers sud de Moscou s’en seraient pris à des personnes qui, selon eux, n’avaient pas l’air de Russes de souche. Au départ, les policiers auraient rejeté la possibilité que les agressions aient un caractère raciste. Selon des informations qui ont filtré par la suite, trois hommes auraient été placés en détention et inculpés de meurtre et coups et blessures et le caractère raciste des agressions aurait été retenu pour les deux homicides qui se sont produits le 20 octobre. La police continue de nier que l’homicide du 21 octobre ait un caractère raciste.

De nombreux étrangers et membres de minorités ethniques ont raconté à Amnesty International leurs tentatives infructueuses pour porter plainte auprès de la police pour des agressions dont ils ont été victimes et qu’ils considèrent comme ayant un caractère raciste. Selon eux, les policiers notent avec réticence les détails illustrant le caractère raciste des agressions. Il semblerait que les policiers et les responsables de l’application des lois soient plus enclins à enquêter sur le caractère raciste d’une agression lorsque celle-ci est à l’origine d’un meurtre ou de blessures graves.

Amnesty International demande instamment au gouvernement russe de condamner publiquement et sans condition aucune la xénophobie et les agressions racistes et de prendre des mesures afin que, dans l’esprit de l’unité nationale, les droits de toutes les personnes soient protégés également, quelle que soit leur couleur de peau.

Complément d’information

Le Jour de l’unité nationale en novembre 2005 et 2006, des rassemblements s’étaient tenus à Moscou, au cours desquels les manifestants avaient scandé « La Russie aux Russes ! » et brandi des banderoles portant des slogans anti-sémites et anti-immigration. Des rassemblements similaires ont été autorisés ce week-end. Le président Poutine et le maire de Moscou, Youri Loujkov, ont condamné ces slogans et cette xénophobie, selon des militants russes anti-racistes, mais la rhétorique des organisations xénophobes est de plus en plus souvent adoptée et employée par des hommes politiques et des responsables d’État.

Voir :
What Progress has been made since May 2006 to tackle violent racism ? (index AI : EUR 46/047/2007 http://web.amnesty.org/library/index/engeur460472007

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