Communiqué de presse

Russie. Libérez le militant écologiste relégué dans une colonie pénitentiaire

Les autorités russes doivent mettre fin à une injustice flagrante, en libérant immédiatement et sans conditions le militant écologiste et prisonnier d’opinion Evgueni Vitichko, a déclaré mardi 14 avril Amnesty International, à la veille de l’audience du tribunal qui doit décider de son éventuelle remise en liberté conditionnelle.

Membre de l’organisation écologiste Veille écologique pour le Caucase du Nord, Evgueni Vitichko purge actuellement une peine de trois ans d’emprisonnement dans une colonie pénitentiaire située dans la région reculée de Tambov, en Russie. Il y a été envoyé en février 2014, après avoir fait l’objet d’inculpations fallacieuses, à l’approche des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi.

Amnesty International craint que les juges ne refusent de le remettre en liberté, même conditionnelle, en prenant pour prétexte une longue liste de « violations » qu’il est accusé d’avoir commises depuis le début de son incarcération. Il lui est entre autres reproché d’avoir donné l’un de ses vêtements à un autre prisonnier qui avait froid ; de s’être assis sur son lit à un moment où cela n’était pas autorisé ; d’avoir conservé de la nourriture à un endroit non autorisé ; d’avoir reçu de la correspondance de son avocat sans en avoir informé au préalable l’administration de la colonie ; ou encore d’avoir eu « une attitude désinvolte lors du désherbage des tomates », dans le cadre du travail obligatoire auquel il était astreint.

Des « violations » absurdes de ce type sont fréquemment invoquées pour refuser la remise en liberté conditionnelle de détenus.

« On a du mal à croire que les autorités russes puissent recourir à des procédés aussi triviaux pour maintenir derrière les barreaux un militant écologiste très en vue comme Evgueni Vitichko », a déclaré Denis Krivocheïev, directeur adjoint d’Amnesty International en charge du Programme Europe et Asie centrale.

« Punir un prisonnier parce qu’il a prêté un vêtement ou parce qu’on considère qu’il n’a pas la bonne attitude en matière de désherbage de tomates est grotesque. C’est une atteinte aux normes internationales relatives au traitement des détenus. L’administration de la colonie pénitentiaire doit cesser ces actes de harcèlement. Evgueni Vitichko doit être libéré immédiatement et sans conditions. »

Evgueni Vitichko a été condamné sur la foi d’accusations fallacieuses et emprisonné pour avoir protesté, aux côtés d’autres militants, contre les conséquences environnementales de l’urbanisation massive et de la déforestation menées en prévision des Jeux olympiques de Sotchi.

Nous sommes également inquiets pour la santé d’Evgueni Vitichko, car celui-ci a entamé une grève de la faim le 7 avril, le lendemain du jour où la Cour suprême de Russie a refusé d’examiner le recours qu’il avait introduit.

Amnesty International demande à l’administration de la colonie pénitentiaire de veiller à ce qu’il puisse disposer du suivi médical nécessaire. Le fait qu’un individu mène une grève de la faim ne modifie en rien son droit à avoir accès à des soins de santé.

Complément d’information

La prochaine audience concernant une éventuelle remise en liberté conditionnelle d’Evgueni Vitichko est prévue le 15 avril, à 10 heures du matin, devant le tribunal du district de Kirsanov, salle numéro 6, dans la région de Tambov, une zone reculée de la Russie.

La ville de Kirsanov est située à 550 kilomètres de Moscou et à plus de 1 000 kilomètres de Krasnodar, où habite normalement le militant emprisonné.

Le 15 avril également, la Cour suprême de Russie doit examiner le recours introduit par l’organisation d’Evgueni Vitichko, Veille écologique pour le Caucase du Nord, contestant la décision d’un tribunal de juridiction inférieure de « liquider » l’ONG.

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