« Une nouvelle fois, une militante des droits humains paie le prix fort, dans tous les sens du terme, simplement pour avoir diffusé les idéaux de non-exclusion, de tolérance et d’autonomisation des femmes, a déclaré Natalia Zviagina, directrice d’Amnesty International Russie.
« Ioulia Tsvetkova est la dernière cible d’une campagne discriminatoire aux forts relents d’homophobie, menée depuis longtemps déjà. Elle subit une kyrielle d’atteintes : elle a été détenue de manière arbitraire, interrogée et intimidée à de multiples reprises. Ses initiatives théâtrales et créatives sont muselées par les responsables de l’application des lois et ses dessins sont désormais jugés à caractère pornographique.
« Actuellement placée en résidence surveillée, elle fait l’objet de poursuites pénales pour " pornographie ", une infraction passible d’une peine allant jusqu’à six ans de prison. Les autorités doivent abandonner toutes les charges retenues contre elle et annuler l’amende et l’assignation à résidence dont elle fait l’objet. Elle n’a rien fait d’autre que de se mobiliser en faveur des droits humains. »
Complément d’information
Ioulia Tsvetkova, originaire de Komsomolsk-sur-l’Amour, dans l’Extrême-Orient russe, a été déclarée coupable de « propagande en faveur de relations sexuelles non traditionnelles auprès des mineurs », une infraction administrative, et condamnée à une amende de 50 000 roubles (environ 710 euros) parce qu’elle gère deux communautés en ligne sur les thèmes LGBTI. Ces deux communautés sont signalées « + de 18 ans », comme l’exige le droit russe, et l’amende qui lui a été infligée au titre de la loi russe contre la propagande homosexuelle n’a donc aucun fondement.
La militante fait toujours l’objet d’inculpations pénales pour « pornographie ». Elle a été placée en résidence surveillée le 23 novembre après avoir été inculpée de « production et diffusion de matériaux pornographiques », en raison de dessins de vagins qu’elle a publiés sur les réseaux sociaux.
En mars, Ioulia Tsvetkova a dû abandonner son travail au sein de la compagnie de théâtre amateur Merak, la police ayant ouvert une enquête pour « propagande homosexuelle » liée à sa pièce Bleu et rose, qui dénonce le harcèlement et la discrimination. La compagnie a été contrainte de cesser ses activités.