« Les autorités russes répondent à des allégations de corruption de haut niveau avec une impressionnante sévérité et à une vitesse phénoménale – sauf qu’elles persécutent les personnes qui dénoncent ces faits, a déclaré Natalia Zviagina, directrice du bureau d’Amnesty International à Moscou.
Après que les activités de la Fondation anticorruption d’Alexeï Navalny ont été officiellement désignées comme “extrémistes”, il n’est pas étonnant que des journalistes de Proekt.Media aient vu leur domicile perquisitionné par la police dans les heures qui ont suivi la publication de leur enquête sur les possibles pratiques corrompues du ministre de l’Intérieur.
« C’est une nouvelle atteinte éhontée contre les médias indépendants et la liberté d’expression en Russie, qui fait partie d’une purge systématique de toute voix critique exposant les fraudes de ceux qui sont au pouvoir dans le pays. Nous demandons la fin immédiate de toutes les poursuites pénales engagées contre des journalistes pour diffamation et que les autorités cessent de harceler les médias russes indépendants. »
Complément d’information
Le 29 juin 2021 à l’aube, des policiers et des agents du Comité d’enquête de la Fédération de Russie ont perquisitionné le domicile du rédacteur en chef de Proekt.Media, Roman Badanine, celui des parents de son adjoint, Mikhaïl Roubine, et celui de la journaliste Maria Jolobova. Des fonctionnaires ont saisi les ordinateurs de Roman Badanine et de Maria Jolobova, ainsi que d’autres appareils électroniques leur appartenant. Roman Badanine a ensuite été interrogé et désigné officiellement comme suspect dans une affaire historique de diffamation.
La veille, Proekt.Media avait annoncé la publication de son enquête sur des allégations d’enrichissement illégal de la famille du ministre russe de l’Intérieur, Vladimir Kolokoltsev.
Selon les avocats des journalistes, la procédure pénale pour diffamation a été ouverte depuis la diffusion en 2017 d’un documentaire sur la collusion présumée entre de hauts fonctionnaires et responsables politiques du gouvernement russe, dont Vladimir Poutine, avec des chefs d’organisations mafieuses. Ce documentaire a été diffusé sur TV Rain, une chaîne d’information indépendante, à l’époque où Roman Badanine en était le rédacteur en chef.
Amnesty International estime que les perquisitions qui viennent d’avoir lieu s’inscrivent dans la campagne de répression lancée contre les médias indépendants depuis le début de cette année.