Rwanda : Amnesty exprime sa solidarité

À partir du 7 avril, le Rwanda entamera 100 jours de commémoration à l’occasion du 25e anniversaire du génocide de 1994. En seulement 100 jours, entre avril et juillet 1994, plus de 800 000 personnes ont été tuées, pour l’immense majorité des Tutsis pris pour cibles par le gouvernement dans le but d’éliminer leur groupe ethnique. Certains Hutus opposés au génocide ont également été ciblés.

« À l’occasion de ce triste anniversaire, nous témoignons notre solidarité aux victimes, à leurs familles et aux survivants du génocide et nous associons à leur douleur et à leur peine. Commémorer ces événements doit contribuer à ranimer notre conscience et à réveiller notre humanité partagée. Nous sommes tous des êtres humains, qui partageons les mêmes droits et le même désir d’une vie sans violences ni répression », a déclaré Kumi Naidoo.


« Force est de constater que, trop souvent, la conscience des dirigeants du monde est piquée uniquement au lendemain d’atrocités de masse. Dès que l’actualité évolue, les responsables politiques se remettent à colporter des discours haineux et déshumanisants qui alimentent ces terribles événements »


Le génocide au Rwanda était planifié. Le gouvernement de transition arrivé au pouvoir après la mort du président Juvenal Habyarimana, son avion ayant été abattu au-dessus de la capitale, Kigali, a délibérément diabolisé la minorité tutsie. Il a choisi de manipuler et d’encourager les tensions existantes et s’est servi de la haine qu’elles avaient engendrées comme un outil pour rester au pouvoir.

Dans leur course aux votes, les responsables politiques sont prêts à désigner de manière cynique et systématique certaines personnes comme boucs émissaires, en s’appuyant sur des caractéristiques de leur identité – la religion, l’origine ethnique ou la sexualité notamment – trop souvent dans le but de détourner l’attention de l’inaptitude des gouvernements à réaliser les droits humains élémentaires qui garantiraient la sécurité économique et sociale.


Aujourd’hui, les dirigeants mondiaux appliquent également des politiques de diabolisation. Dans leur course aux votes, les responsables politiques sont prêts à désigner de manière cynique et systématique certaines personnes comme boucs émissaires, en s’appuyant sur des caractéristiques de leur identité – la religion, l’origine ethnique ou la sexualité notamment – trop souvent dans le but de détourner l’attention de l’inaptitude des gouvernements à réaliser les droits humains élémentaires qui garantiraient la sécurité économique et sociale. Ainsi, les plus grands dirigeants du monde manient la dangereuse rhétorique du « nous contre eux », distillant la peur et la répression là où devraient prévaloir l’unité au sein de l’humanité et le respect pour les droits humains.

Au cours des 25 années qui ont suivi le génocide, le monde a été témoin de crimes innombrables relevant du droit international, ainsi que de violations des droits humains, qui découlent bien souvent des mêmes stratégies d’exclusion et de diabolisation que celles qu’a employées l’ancien gouvernement rwandais en amont du génocide de 1994. Un exemple en est la campagne de nettoyage ethnique de l’armée au Myanmar, dirigée contre la minorité Rohingya, où des milliers de personnes ont été tuées. En 2017, plus de 700 000 personnes ont fui vers le Bangladesh voisin.

Avec plusieurs élections à l’ordre du jour cette année, notamment en Inde et dans l’Union européenne - des élections qui amorcent trop souvent les politiques de diabolisation - les dirigeants du monde doivent s’engager à faire de la politique autrement.

« Au lendemain du génocide au Rwanda, le monde a convenu que l’on ne devait plus laisser les politiques de la haine et de la division s’enraciner. Pourtant, nous avons été témoins d’atrocités massives à maintes reprises. Nous devons tirer les leçons de ces tragédies en mettant en œuvre une politique qui place l’humanité au centre et nous permet de chérir nos différences », conclut Kumi Naidoo.

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