RWANDA. Condamnation des attaques commises contre des représentants politiques et des journalistes à l’approche du scrutin

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Le président Paul Kagame participera à l'élection présidentielle sous l'étiquette du FPR©APGraphicsBankAmnesty International condamne les attaques commises contre des représentants politiques et des journalistes à l’approche de l’élection présidentielle du 9 août, et appelle le gouvernement à faire en sorte que ce scrutin se déroule dans une atmosphère permettant aux Rwandais d’exprimer librement leurs opinions.

Les meurtres, fin juin et début juillet, d’un journaliste et d’un représentant politique de l’opposition tous deux critiques à l’égard du parti au pouvoir, le Front patriotique rwandais (FPR), ont créé un climat de répression susceptible de paralyser la liberté d’expression à l’approche de l’élection, a souligné l’organisation.

« Ces derniers mois, le climat de peur a encore été renforcé par des meurtres, des arrestations et la fermeture de journaux et de stations de radio, a expliqué Tawanda Hondora, directeur adjoint du programme Afrique d’Amnesty International. Le gouvernement rwandais doit veiller à ce que les enquêtes sur ces meurtres soient exhaustives et à ce que les médias qui ont été fermés puissent reprendre leurs activités. »

Le 14 juillet, André Kagwa Rwisereka, vice-président du Parti démocratique vert du Rwanda, parti d’opposition, a été retrouvé mort à Butare, dans le sud du Rwanda. Amnesty International a obtenu des photographies montrant qu’il a été décapité.

D’après certaines informations, André Kagwa Rwisereka, qui avait quitté le FPR pour créer le Parti vert, était inquiet pour sa sécurité depuis plusieurs semaines. D’autres membres du Parti vert ont indiqué avoir eux aussi reçu des menaces.

L’enquête sur la mort d’André Kagwa Rwisereka se poursuit mais selon le ministère public il n’existe pas assez d’éléments de preuve pour engager des poursuites.

Aucun des principaux partis d’opposition ne va pouvoir participer au scrutin de lundi. Le Parti démocratique vert du Rwanda et les Forces démocratiques unifiées (FDU-Inkingi) ont été empêchés de faire les démarches nécessaires pour obtenir leur enregistrement.

Le seul nouveau parti d’opposition ayant obtenu son enregistrement – le PS-Imberakuri – ne peut finalement pas participer au scrutin car son dirigeant, Bernard Ntaganda, a été arrêté le 24 juin. Bernard Ntaganda a été inculpé d’« idéologie du génocide » et de « divisionnisme » sur la base de loi lois rédigées en termes vagues qui sont officiellement destinées à lutter contre les discours de haine mais en fait souvent utilisées pour réduire au silence des personnes qui expriment légitimement des opinions dissidentes.

L’opposante Victoire Ingabire, qui a été arrêtée au mois d’avril, n’a toujours pas été jugée. Elle a été inculpée d’« idéologie du génocide », de « divisionnisme », de « minimisation du génocide » et de « collaboration avec une organisation terroriste ». En mai, le ministère public a indiqué que l’instruction risquait de durer une année, ce qui excluait la tenue d’un procès avant les élections.

« Tant qu’une enquête indépendante n’aura pas révélé les circonstances exactes de la mort d’André Kagwa Rwisereka les Rwandais continueront de craindre qu’il n’ait été tué en raison de ses activités d’opposant politique, a ajouté Tawanda Hondora. Ils vont de ce fait peut-être hésiter à s’exprimer. »

Jean-Leonard Rugambage, un journaliste qui travaillait pour le journal Umuvugizi, a été abattu le 24 juin devant son domicile à Kigali, la capitale du pays. Jean-Leonard Rugambage menait une enquête sur l’attentat, en Afrique du Sud, contre le général en exil Kayumba Nyamwasa. Le jour où il a été tué, Umuvugizi a publié un article affirmant que des responsables des services de renseignement rwandais étaient liés à cette tentative de meurtre.

Deux personnes soupçonnées d’être responsables de l’assassinat de Jean-Leonard Rugambage ont été arrêtées. Elles attendent actuellement leur procès.

Des médias rwandais critiques à l’égard du gouvernement ont été supprimés durant la période pré-électorale. Fin juillet, le Haut Conseil des médias, une instance de régulation proche du parti au pouvoir, a interdit 30 organes de presse au motif qu’ils ne respectaient pas la loi de 2009 relative aux médias. Cette loi restreint la liberté des médias.

Agnes Nkusi Uwimana, directrice de publication du journal Urubayo, a été arrêtée en juillet et inculpée d’« idéologie du génocide ». Ces derniers mois, deux autres directeurs de publication ont fui le Rwanda après la suspension de leur journal et après avoir reçu à plusieurs reprises des menaces.

Les Nations unies, l’Union européenne, les États-Unis, la France et l’Espagne ont déjà publiquement exprimé leurs préoccupations au sujet de la dégradation de la situation des droits humains au Rwanda à l’approche du scrutin. Amnesty International appelle les autres pays à exprimer eux aussi leurs inquiétudes.

« Aucun pays ne devrait rester silencieux face à la répression en période pré-électorale, a déclaré Tawanda Hondora. Il faut dénoncer les violations à voix haute car c’est là le meilleur moyen de s’assurer que le prochain gouvernement rwandais respectera les droits humains. »

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