La Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) se penchera, lors d’une audience le 16 mars, sur la question de la surveillance illégale de très grande ampleur effectuée au moyen du logiciel espion Pegasus contre des journalistes et la société civile au Salvador.
Cela fait suite à une enquête menée conjointement [1] par Access Now [2] et le Citizen Lab [3], dont les conclusions ont été rendues publiques en janvier, et qui a établi que le tristement célèbre logiciel espion Pegasus, de l’entreprise NSO Group, a été employé contre des journalistes et des membres d’organisations de la société civile au Salvador.
Les experts techniques du Security Lab d’Amnesty International ont évalué ce rapport à titre de pairs et vérifié de manière indépendante les éléments de preuve scientifiques montrant que Pegasus a été utilisé de manière abusive dans ce pays.
« Le logiciel espion Pegasus d’NSO Group est utilisé comme une arme afin de réduire les journalistes au silence au Salvador et dans le reste du monde. L’audience qui doit se dérouler devant la Commission interaméricaine des droits de l’homme est, pour les personnes illégalement prises pour cible par Pegasus, une avancée importante vers l’établissement des responsabilités », a déclaré Belissa Guerrero Rivas, coordinatrice régionale de l’action de plaidoyer pour les Amériques à Amnesty International.
« La CIDH se penchera, (...) sur la question de la surveillance illégale de très grande ampleur effectuée contre des journalistes et la société civile au Salvador »
« L’utilisation illégale de Pegasus au Salvador s’inscrit dans le cadre de manœuvres de harcèlement et de menaces relevant de pratiques bien établies, visant les journalistes et les défenseur·e·s des droits humains, qui travaillent dans un environnement de plus en plus hostile. Cela souligne à quel point il est nécessaire de mener une enquête approfondie et impartiale dans les meilleurs délais sur l’utilisation illégale de cette technologie dans le pays. Il faut par ailleurs instaurer un moratoire immédiat sur le recours à la technologie des logiciels espions, jusqu’à ce qu’un cadre réglementaire protégeant les droits humains soit mis en place. »
L’audience du 16 mars marque la première fois que la Commission interaméricaine des droits de l’homme se penche sur la cyber-surveillance dans ce pays. Elle a été sollicitée par l’Association des journalistes du Salvador, le journal numérique El Faro, la revue Gato Encerrado, la Fundación para el Debido Proceso et le Centro por la Justicia y el Derecho Internacional, après les révélations de janvier.
L’audience de la Commission interaméricaine des droits de l’homme pourra être visionnée à cette adresse [4].