« Ce jugement est un hommage sincère et attendu de longue date à la mémoire de Beatriz et au combat que sa mère Delmy et sa famille ont mené avec des dizaines d’organisations et de réseaux féministes. Grâce à son combat, nous avons un socle de protection juridique plus solide pour la santé reproductive, ce qui est une avancée très positive dans un contexte de tensions régressives dans la région, particulièrement au Salvador », a déclaré Ana Piquer, directrice pour les Amériques à Amnesty International.
Après des années d’une mobilisation féministe en soutien à Beatriz et de sa famille [5], la Cour interaméricaine des droits de l’homme a enfin conclu que le Salvador avait bafoué les droits de Beatriz à la santé, à la protection judiciaire et à la vie privée, ainsi que le droit de Beatriz et de sa famille à l’intégrité personnelle. La Cour a également reconnu que l’absence de protocoles de prise en charge des grossesses à haut risque, dans un contexte d’interdiction totale de l’avortement, a empêché les autorités d’offrir un traitement médical adapté et en temps opportun à Beatriz, qui a alors été soumise à des violences obstétricales. La Cour a ainsi ordonné à l’État salvadorien d’adopter les mesures réglementaires nécessaires pour la prise en charge des grossesses mettant en danger la vie et la santé des femmes.
« Il s’agit d’une avancée historique, mais ce n’est pas la fin du combat. Amnesty International continuera de soutenir Delmy, sa famille et les personnes qui les accompagnent jusqu’à s’assurer que ce que Beatriz a subi ne se reproduise jamais au Salvador et sur l’ensemble du continent. Toute femme et personne enceinte a le droit à l’avortement, en particulier dans des cas comme celui de Beatriz, lorsque sa vie et sa santé sont menacées », a déclaré Ana Piquer.
La Cour interaméricaine des droits de l’homme a ordonné à l’État de fournir des soins de santé complets à la famille de Beatriz, de fournir une formation en matière de santé maternelle au personnel médical, aux représentant·e·s de l’État et aux magistrat·e·s, et d’adopter les mesures réglementaires nécessaires pour assurer la sécurité juridique dans les cas de grossesse à haut risque. L’État salvadorien devra se conformer à cette décision dans les plus brefs délais et rendre compte des avancées dans un an.
Cette condamnation de la Cour interaméricaine des droits de l’homme est également un appel aux autres États de l’hémisphère, particulièrement ceux qui maintiennent une interdiction totale de l’avortement.