« Le calvaire qu’a subi Salma al Shehab en prison est enfin terminé. Pendant plus de quatre ans, elle a été victime d’injustices flagrantes les unes après les autres, et a même été condamnée à une peine de 34 ans d’emprisonnement pour ses publications sur les réseaux sociaux. Elle a passé près de 300 jours à l’isolement, s’est vu refuser une représentation juridique, puis a été déclaré coupable de terrorisme à diverses reprises et condamnée à une peine de plusieurs dizaines d’années de prison. Tout cela parce qu’elle a tweeté en faveur des droits des femmes et qu’elle a retweeté les propos de militant·e·s saoudiens défendant ces droits. Les autorités saoudiennes doivent maintenant veiller à ce qu’elle ne soit pas soumise à une interdiction de voyager ou à d’autres mesures punitives, a déclaré Dana Ahmed, spécialiste du Moyen-Orient à Amnesty International.
« Si nous célébrons aujourd’hui la libération de Salma al Shehab, c’est aussi l’occasion de réfléchir à la situation de nombreuses autres personnes qui purgent des peines d’une longueur similaire en Arabie saoudite en raison de leurs activités en ligne. Cela inclut d’autres femmes, telles que Manahel al Otaibi et Noura al Qahtani, emprisonnées pour avoir défendu les droits des femmes, et Abdulrahman al Sadhan, qui purge une peine de 20 ans de réclusion pour avoir publié des tweets satiriques. Nous demandons instamment aux autorités saoudiennes de les libérer immédiatement et de mettre fin une fois pour toutes à leur répression acharnée du droit à la liberté d’expression.
« La libération de Salma al Shehab n’aurait pas été possible sans la campagne inlassable menée par des défenseur·e·s des droits humains du monde entier. »
Complément d’information
Salma al Shehab, 36 ans, doctorante à l’université de Leeds et mère de deux enfants, a été arrêtée le 15 janvier 2021 pour avoir tweeté et retweeté les propos de militant·e·s saoudiens en faveur des droits des femmes sur Twitter/X. Sur la base de ces tweets, elle a été accusée, entre autres, de « troubler l’ordre public et de déstabiliser la sécurité de la société et la stabilité de l’État. »
En mars 2022, le Tribunal pénal spécial a condamné Salma al Shehab à six ans de prison. Lors de son procès en appel, en août 2022, l’accusation a réclamé une peine plus sévère, et le Tribunal pénal spécial a considérablement alourdi sa peine, la portant à 34 ans d’emprisonnement. Salma a fait appel de ce jugement et, en janvier 2023, la Cour suprême a renvoyé son affaire devant la chambre d’appel du Tribunal pénal spécial. La chambre d’appel a ramené sa peine à 27 ans d’emprisonnement. En septembre 2024, après que la Cour suprême a de nouveau renvoyé l’affaire devant la chambre d’appel du Tribunal pénal spécial, sa peine a été réduite de 27 ans à quatre ans d’emprisonnement, et assortie d’une peine de sursis de quatre années supplémentaires. Elle a fini de purger sa peine de quatre ans de prison en décembre 2024 et a été libérée ce mois-ci.