Selon les médias officiels chinois, l’avocat défenseur des droits humains Gao Zhisheng n’a pas respecté les conditions de sa mise à l’épreuve et sera renvoyé en prison

Selon les médias officiels chinois, l’avocat défenseur des droits humains Gao Zhisheng n’a pas respecté les conditions de sa mise à l’épreuve et sera renvoyé en prison – déclarations qu’Amnesty International qualifie de « choquantes »

« Cette information est vraiment choquante. Depuis 20 mois, nous n’avons eu aucune nouvelle de Gao Zhisheng ; sa famille ne sait pas s’il est mort ou en vie, et aujourd’hui les autorités font une annonce énigmatique selon laquelle sa soi-disant libération assortie d’une mise à l’épreuve a été révoquée, s’est étonnée Catherine Baber, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty international.

« La manière dont les autorités ont géré l’affaire de Gao Zhisheng n’a rien de légal. Gao Zhisheng a été torturé, soumis à 20 mois de disparition forcée, maintenu en captivité et séparé de sa famille, provoquant une angoisse incommensurable chez ses proches. Il est temps que cesse ce traitement inhumain. Il a assez souffert. Sa famille a assez souffert. Il doit être remis en liberté.

« La tentative bien tardive des autorités de donner un semblant de légitimité au traitement infligé à Gao Zhisheng est tout simplement honteuse. En alternant les placements illégaux en résidence surveillée et les disparitions forcées, elles l’ont déjà maintenu en captivité pendant une période presque deux fois plus longue que sa condamnation initiale " avec sursis ".

« La communauté internationale, les diplomates, les responsables politiques et d’autres encore ont fait du cas de Gao Zhisheng une priorité lors de leurs rencontres avec des responsables chinois. Cela n’a pas suffi. La communauté internationale doit continuer de faire pression sur le gouvernement chinois pour qu’il libère Gao Zhisheng.

« Elle ne doit pas faiblir dans sa condamnation de cette parodie de justice », a conclu Catherine Baber.

Complément d’information

Gao Zhisheng est un prisonnier d’opinion. Depuis 2006, il a été torturé plusieurs fois. Il risque fortement de subir à nouveau des actes de torture ou d’autres formes de mauvais traitements.

En décembre 2006, Gao Zhisheng a été condamné pour « incitation à la subversion » à une peine de trois ans d’emprisonnement avec sursis. Les contrôles très stricts des autorités allaient bien au-delà des restrictions que l’on peut légalement imposer aux personnes sous le coup d’une condamnation avec sursis. Au départ, il a été placé illégalement en résidence surveillée, puis, à la suite de la publication d’un récit des tortures qui lui ont été infligées, la police l’a embarqué du domicile familial le 4 février 2009.

Quatorze mois plus tard, fin mars 2010, Gao Zhisheng a fait une brève apparition à Pékin ; les autorités avaient en effet subi des pressions au niveau national et international pour divulguer des informations le concernant. À l’époque, des rumeurs selon lesquelles il était mort aux mains des autorités commençaient à circuler. Il a accordé une interview télévisée à l’agence Associated Press le 7 avril 2010 dans un salon de thé de Pékin. Il déclarait alors : « Je n’ai pas la capacité de persévérer. D’une part, il s’agit d’expériences passées. D’autre part, ces expériences blessent profondément mes proches. Ce choix ultime, que j’ai fait au terme d’un processus de réflexion approfondi et consciencieux, m’amène à rechercher la paix et la tranquillité. »

Deux semaines plus tard, entre le 9 et le 12 avril 2010, Gao Zhisheng a été vu en train de quitter son domicile de Pékin et de monter à bord d’un véhicule garé devant son immeuble. Il ne portait qu’un sac à dos lorsqu’il est parti. Depuis, personne ne l’a revu ni n’a eu de ses nouvelles. Depuis ce jour-là, Gao Zhisheng a « disparu » ; les porte-parole du gouvernement nient avoir connaissance de son placement en détention.

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