Communiqué de presse

Serbie. Il faut garantir le droit des Hongrois à être protégés contre la violence et la discrimination

Amnesty International salue l’engagement pris par le Premier ministre serbe et les autorités de la Voïvodine, province autonome de la République de Serbie, de garantir les droits de la minorité hongroise.

Le 13 mars, le président de l’Assemblée de la Voïvodine, István Pásztor, a rencontré le Premier ministre serbe, Ivica Da ?i ?. Ils ont demandé à la police d’empêcher que de nouvelles violences interethniques n’aient lieu dans la province. Ils ont également convenu que les auteurs présumés d’attaques vraisemblablement motivées par des considérations ethniques identifiés dans le cadre d’une enquête impartiale devaient être pris en charge par le système pénal plus rapidement. Enfin, ils ont décidé de poursuivre leur coopération en faveur d’une « vie paisible et sûre pour tous les citoyens de la province autonome de Voïvodine, quelle que soit leur origine ethnique ou leur appartenance religieuse ».

Cette entrevue faisait suite à des demandes attirant l’attention sur les attaques, souvent manifestement motivées par des considérations ethniques, visant les Hongrois en Serbie. Face à ces agressions, ces derniers se sentent vulnérables et peu protégés.

En janvier, par exemple, deux Hongrois ont été grièvement blessés à Temerin après avoir été attaqués par six Serbes. Cette agression semblait motivée par des considérations ethniques.

L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) définit les crimes de haine comme « des infractions pénales, dont les atteintes aux personnes ou aux biens, dans lesquelles la victime, les lieux ou la cible de l’infraction sont choisis en raison de leur lien, rattachement, affiliation, soutien ou appartenance, réel ou présumé, à un groupe ».

Amnesty International rappelle aux autorités que la Constitution serbe interdit la discrimination contre les minorités, et que l’article 387 du Code pénal serbe prévoit des poursuites pénales pour les atteintes motivées par « la couleur de peau, la nationalité, l’origine ethnique ou d’autres caractéristiques personnelles » et érige en infraction la promotion ou l’instigation de la discrimination raciale.

En outre la Loi contre la discrimination interdit celle-ci, « qu’elle soit déclarée ou indirecte, fondée sur la race, la couleur de peau, les ancêtres, la citoyenneté, l’appartenance nationale ou l’origine ethnique, la langue, les convictions religieuses ou politiques, le genre, l’identité de genre, l’orientation sexuelle, la situation financière, la naissance, les caractéristiques génétiques, la santé, le handicap, l’état civil, les condamnations passées, l’âge, l’apparence, l’appartenance à des organisations politiques, syndicales et autres, et toute autre caractéristique personnelle réelle ou présumée ».

Les droits des Hongrois en Serbie doivent également être protégés au titre de la Loi sur la protection des droits et libertés des minorités nationales.

Par ailleurs, Amnesty International note que, selon les conditions de son adhésion à l’Union européenne, la Serbie est tenue de veiller à la promotion et à la protection des droits des minorités. Cependant, comme l’ont montré les recherches de l’organisation sur la discrimination in Serbie, notamment celle visant les Roms et les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT), il est fréquent que les autorités manquent à leur obligation de protéger et respecter les droits des minorités sans discrimination.

Amnesty International souligne la gravité des violations des droits humains, y compris du droit à la vie, qui ont eu lieu en Voïvodine, mais relève également qu’un certain nombre d’attaques similaires visant des Serbes ont été commises, semble-t-il par des membres de la minorité hongroise. Ainsi, en octobre 2012, deux Serbes ont été agressés et blessés à Temerin, par cinq membres du Mouvement de jeunesse des soixante-quatre comitats (HVIM) selon les informations recueillies.

Amnesty International exhorte les autorités et les dirigeants des deux communautés, ainsi que les partis politiques de Hongrie, notamment la Fidesz (et son mouvement de jeunesse, Fidelitas), à s’abstenir de tous propos incendiaires et discriminatoires qui ne peuvent qu’exacerber les tensions ethniques et alimenter de nouvelles attaques.

L’organisation invite aussi les Hongrois victimes de discrimination à présenter leur cas aux organes compétents, parmi lesquels le Bureau du médiateur en Voïvodine et le Commissaire pour la protection de l’égalité (prévu par la Loi de 2009 contre la discrimination) à Belgrade.

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