COMMUNIQUÉ DE PRESSE
ÉFAI
22 juillet 2008
Amnesty International profite de ce que le transfert de Radovan Karadžic devant le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie est imminent pour demander que cette juridiction internationale dispose du temps et des ressources nécessaires pour établir la vérité et rendre justice aux victimes de crimes de guerre en Bosnie-Herzégovine.
« Le Conseil de sécurité des Nations unies doit revenir sur l’échéance arbitraire de 2010 qu’il a donnée au Tribunal pour juger les affaires sous sa juridiction, a déclaré Amnesty International ce mardi 22 juillet.
Les poursuites engagées contre 115 des 161 personnes inculpées par le Tribunal ont abouti mais celles contre les 46 inculpés restants sont encore en cours. Deux des personnes inculpées, Ratko Mladic et Goran Hadžic, sont toujours en fuite. Le Tribunal doit bénéficier du temps nécessaire pour traiter toutes ces affaires. »
Amnesty International craint que le Tribunal n’ait pas le temps de juger d’ici 2010 toutes les personnes inculpées. Certaines mises en accusation risquent d’être abandonnées par manque de temps pour examiner tous les faits imputés, et certains recours pourraient ne pas être examinés.
Des affaires pourraient alors être transférées devant des tribunaux nationaux, dont Amnesty International met en doute la capacité à rendre une justice de qualité, à protéger les victimes et les témoins et à repérer les éléments de preuve, ainsi que la volonté réelle d’enquêter de manière approfondie et d’engager des poursuites. Dans la plupart des pays de l’ex-Yougoslavie, l’absence de volonté politique, et dans certains cas des actes délibérés d’obstruction, bloquent toujours les enquêtes et les poursuites pour les crimes de guerre.
« L’arrestation de Radovan Karadžic constitue une grande victoire. Amnesty International n’a cessé, dans le cadre de la campagne Arrêtez-les maintenant ! qu’elle mène depuis dix ans, de demander que cet homme soit arrêté et remis au Tribunal. Il faut que le Tribunal puisse mener à bien les poursuites contre les auteurs de crimes aussi graves, y compris Ratko Mladic et Goran Hadžic », a conclu l’organisation.
Ancien président de la Republika Srpska, ancien chef du Parti démocratique serbe et ancien commandant en chef de l’Armée serbe de Bosnie, Radovan Karadžic était en fuite depuis plus de douze ans après avoir été inculpé de crimes commis en Bosnie-Herzégovine, parmi lesquels génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre à Srebrenica.
Complément d’information
Radovan Karadžic est inculpé de génocide, complicité de génocide, extermination, meurtre, homicide volontaire, persécutions, déportation, actes inhumains, et autres crimes commis contre des Musulmans de Bosnie, des Croates de Bosnie et d’autres civils non-serbes en Bosnie-Herzégovine pendant le conflit de 1992-1995.
L’inculpation de génocide à l’encontre de Radovan Karadžic inclut le meurtre d’environ 8 000 hommes et adolescents musulmans de Bosnie, à Srebrenica, en 1995. L’acte d’accusation dispose qu’il s’est également rendu coupable de génocide, persécutions et autres crimes lorsque les forces sous son commandement ont tué et transféré dans des centres de détention mis en place par les autorités serbes de Bosnie des milliers de non-Serbes de toute la Bosnie-Herzégovine. La mise en accusation allègue que les forces sous son commandement ont tué, torturé, maltraité et agressé sexuellement les personnes non-serbes incarcérées dans ces camps.
Radovan Karadžic est également inculpé de crimes de guerre pour des bombardements et des tirs contre les civils à Sarajevo qui ont blessé et tué des milliers de personnes, dont des femmes et des enfants.
Créé par le Conseil de sécurité des Nations unies en 1993, le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie a pour mission d’enquêter sur les crimes de génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre commis dans l’ex-Yougoslavie à partir de 1991, et de poursuivre leurs auteurs.
Alors que certaines des personnes inculpées par le Tribunal sont toujours en fuite, le Conseil de sécurité des Nations unies a demandé en 2004 au Tribunal de boucler son travail d’ici 2010.