« L’exécution imminente de Rosman bin Abdullah met en évidence la détermination glaçante des autorités de Singapour vis-à-vis de la peine de mort. Singapour compte parmi les quelques pays qui continuent de procéder à des exécutions pour des infractions liées à la législation sur les stupéfiants, en violation du droit international relatif aux droits humains et des normes afférentes, a déclaré Chiara Sangiorgio, spécialiste de la peine de mort au sein d’Amnesty International. Cela doit cesser immédiatement.
« La semaine dernière encore, deux pendaisons ont eu lieu. Ces exécutions sont très inquiétantes et la peur collective s’immisce parmi tous les condamnés à mort.
« Nous appelons une nouvelle fois les autorités de Singapour à instaurer immédiatement un moratoire sur toutes les exécutions et à revoir sans délai la législation nationale afin de s’assurer qu’elle soit conforme au droit international et aux réglementations internationales. Singapour doit dès à présent initier des mesures en vue d’abolir ce châtiment définitivement. »
Complément d’information
L’exécution de Rosman bin Abdullah est prévue pour le vendredi 22 novembre. Le 14 septembre 2010, il a été reconnu coupable de trafic de 57,43 g de diamorphine (héroïne) et condamné à la peine de mort à titre de sentence obligatoire. Il devait être exécuté le 23 février 2022, mais son exécution avait été suspendue.
Le 15 novembre, un Singapourien de 53 ans et un Malaisien de 39 ans ont été exécutés après avoir été reconnus coupables de possession de substances réglementées dans l’intention d’en faire le trafic.
En octobre 2024, Amnesty International et six organisations partenaires ont publié une déclaration conjointe [1] dans laquelle elles s’inquiètent du recours à la peine de mort par les autorités singapouriennes, en violation du droit international et des normes internationales, ainsi que des nouvelles restrictions imposées à l’exercice du droit à la liberté d’expression des militants opposés à la peine de mort.
Singapour est l’un des cinq pays où Amnesty International a confirmé des exécutions liées au trafic de stupéfiants en 2023. En vertu du droit international et des normes internationales, le recours à la peine de mort doit être limité aux « crimes les plus graves ». Or, l’Organe international de contrôle des stupéfiants et plusieurs organes des Nations unies ont déclaré que les infractions liées au trafic de stupéfiants n’atteignaient pas ce critère. En outre, l’application obligatoire de la peine de mort pour ce type d’infractions viole le droit et les normes internationales en matière de droits humains, car les juges ne peuvent pas prendre en compte les circonstances particulières de l’infraction ni le passé de l’accusé.
Amnesty International a précédemment recueilli des informations [2] sur les réformes lacunaires de la peine de mort obligatoire dans le pays et l’application extensive de ce châtiment en cas d’infractions liées au trafic de stupéfiants.
Amnesty International s’oppose à la peine de mort sans condition, dans tous les cas et en toutes circonstances.