« Jolovan Wham et John Tan ont critiqué les tribunaux de Singapour pour leur manque d’indépendance. Ces critiques s’inscrivent tout à fait dans le champ de l’exercice de leur droit à la liberté d’expression et ne devraient pas être criminalisées. Les observateurs avaient justement mis en garde contre une utilisation « politique » de la loi sur l’administration de la justice, ce à quoi nous assistons avec ces premières poursuites, a déclaré Rachel Chhoa-Howard, chercheuse sur Singapour à Amnesty International.
« Ce durcissement de la répression contre la liberté d’expression et les droits humains est très préoccupant – même au regard des normes du gouvernement singapourien. Ces condamnations doivent être annulées immédiatement. »
Complément d’information
Le 11 mai 2018, le bureau du procureur général de Singapour a inculpé Jolovan Wham et John Tan d’avoir « scandalisé l’appareil judiciaire ». Jolovan Wham, militant des droits humains, a été inculpé en raison de ses publications sur Facebook le 27 avril 2018 ; il affirmait que « les juges de Malaisie sont plus indépendants que ceux de Singapour dans les affaires aux implications politiques ». John Tan, membre important du Parti démocrate de Singapour (SDP), parti d’opposition, a été inculpé de la même accusation pour avoir déclaré sur sa page Facebook que les poursuites engagées contre Jolovan Wham « ne font que confirmer la véracité de ses propos ».
Jolovan Wham, militant des droits humains, a été inculpé en raison de ses publications sur Facebook le 27 avril 2018 ; il affirmait que « les juges de Malaisie sont plus indépendants que ceux de Singapour dans les affaires aux implications politiques ».
Ces inculpations sont les premières de ce type au titre de la loi sur l’Administration de la justice (protection), entrée en vigueur en octobre 2017. Amnesty International s’est déjà dite inquiète de voir la loi servir à arrêter, poursuivre et sanctionner des citoyens ayant critiqué pacifiquement les tribunaux ou l’administration de la justice à Singapour, sous prétexte de protéger le système judiciaire.
Une audience distincte sera fixée pour le prononcé du jugement. La loi prévoit des amendes allant jusqu’à 100 000 dollars singapouriens (environ 63 000 euros) et/ou une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à trois ans.