« Les autorités singapouriennes doivent prêter attention au tollé international qu’a suscitée l’exécution de Nagaenthran K Dharmalingam, dont l’affaire a généré une onde de choc à travers le monde. Cette audience d’appel offre l’occasion d’annuler ce terrible châtiment contre un homme qui ne comprend sans doute pas complètement ce qui lui arrive, a déclaré Rachel Chhoa-Howard, chercheuse sur Singapour à Amnesty International.
« Le cas de Nagaenthran K Dharmalingam a été entaché de multiples violations des droits humains, liées notamment aux vives inquiétudes quant à sa déficience intellectuelle qui, selon les experts de l’ONU, rendrait son exécution illégale. Les récents témoignages de sa famille et de son avocat sur son état de santé mental avivent ces inquiétudes.
« Les autorités singapouriennes doivent prêter attention au tollé international qu’a suscitée l’exécution de Nagaenthran K Dharmalingam, dont l’affaire a généré une onde de choc à travers le monde »
« Singapour doit agir sans attendre pour ne pas ternir sa réputation sur la scène internationale et doit commuer la condamnation de Nagaenthran K Dharmalingam. Afin d’éviter d’autres cas comme celui-ci, elle doit réformer son recours à la peine de mort et adopter un moratoire sur les exécutions, à titre de première étape vers l’abolition totale de ce châtiment cruel. »
Complément d’information
Les avocats de Nagaenthran K Dharmalingam ont déposé une demande auprès de la Haute cour de Singapour afin d’obtenir une suspension, au motif que son exécution serait inconstitutionnelle à la lumière de ses déficiences intellectuelles. Cette requête a été rejetée, mais ses avocats ont pu faire appel de la décision devant la Cour d’appel.
L’audience a été repoussée, Nagaenthran K Dharmalingam ayant été testé positif à la COVID-19 le 9 novembre, et a été reprogrammée au 30 novembre, avant d’être de nouveau reportée. La prochaine date n’a pas encore été confirmée. Si les recours en appel ne portent pas leurs fruits, la suspension sera levée et l’exécution aura lieu, possiblement dans un délai de quelques jours.
Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, sans exception
Nagaenthran K Dharmalingam a été automatiquement condamné à la peine de mort en novembre 2010, après avoir été déclaré coupable d’avoir importé à Singapour 42,72 grammes de diamorphine (héroïne) en avril 2009. Sa déclaration de culpabilité et sa condamnation à mort ont été confirmées en appel.
Des experts médicaux l’ayant évalué ont pourtant conclu que ses déficiences cognitives pourraient avoir contribué à diminuer sa responsabilité dans les actes qui lui sont reprochés. Ces dernières semaines, le plus jeune frère de Nagaenthran a exprimé ses inquiétudes au sujet de l’état psychologique de ce dernier et de sa compréhension incomplète de son exécution imminente lorsqu’il a pu lui rendre visite en prison.
Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, sans exception. À ce jour, 108 pays du monde ont renoncé à la peine de mort pour tous les crimes, et plus des deux tiers ont aboli ce châtiment en droit ou en pratique.