Singapour : Un ressortissant malaisien risque une exécution imminente

Les autorités de Singapour doivent empêcher l’exécution imminente du ressortissant malaisien Micheal Anak Garing, a déclaré Amnesty International lundi 19 mars.

Cet homme et un autre, tous deux originaires de l’État de Sarawak, en Malaisie, ont été reconnus coupables de meurtre par la Haute Cour de Singapour en 2014 pour avoir tué un homme au cours d’une attaque à main armée qui a eu lieu en 2010. Micheal Anak Garing a été condamné à mort.

Sa famille a récemment été informée que son exécution était prévue pour vendredi 22 mars.

« Une fois de plus, les autorités de Singapour menacent d’infliger la cruauté qu’elles prétendent combattre. Quelle que soit la gravité du crime commis, la peine de mort constitue une peine dégradante et inhumaine. Nous dénonçons son application en toutes circonstances, a déclaré Rachel Chhoa-Howard, chercheuse sur Singapour à Amnesty International.

« Les autorités de Singapour doivent immédiatement annuler leur projet de procéder à cette exécution impitoyable. »

Si elle avait lieu, cette exécution serait la première de l’année à Singapour à la connaissance d’Amnesty International. Les autorités singapouriennes ont exécuté 13 personnes en 2018, mais aucun détail sur les exécutions n’est rendu public dans ce pays.

« Le nombre d’exécutions à Singapour a atteint les deux chiffres l’an dernier, pour la première fois depuis 2003, a déclaré Rachel Chhoa-Howard. Il s’agit d’une escalade très inquiétante. Nous appelons les autorités à changer de cap et à rétablir le moratoire sur les exécutions, première étape vers l’abolition de la peine de mort. »

Complément d’information

Lorsque Micheal Anak Garing et son coaccusé ont été inculpés, les personnes reconnues coupables de meurtre étaient automatiquement condamnées à mort. À la suite de modifications du Code pénal de Singapour qui sont entrées en vigueur en 2013, les meurtres commis sans intention explicite de tuer sont devenus passibles de la réclusion à perpétuité et d’une peine de flagellation ou, à la discrétion du juge, de la peine de mort. Lors de l’audience consacrée à la détermination de la peine des deux accusés, en avril 2015, Micheal Anak Garing a été condamné à mort, ayant été identifié comme l’auteur des blessures mortelles infligées à la victime – un élément qu’il a contesté devant la Cour d’appel, qui l’a débouté en 2017. Son coaccusé a été condamné à une peine de réclusion à perpétuité et 24 coups de badine.

Amnesty International s’oppose à la peine de mort de façon catégorique et sans aucune exception, indépendamment de la nature et des circonstances de l’infraction commise, de la situation du condamné, de sa culpabilité ou de son innocence, ou encore de la méthode utilisée pour procéder à l’exécution. La peine capitale bafoue le droit à la vie et constitue le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit.

À l’heure actuelle, 106 pays l’ont abolie pour toutes les infractions, et 142 au total sont abolitionnistes en droit ou en pratique. En 2017, la peine de mort a été prononcée ou appliquée pour des infractions à la législation sur les stupéfiants dans 15 pays, en violation du droit international et des normes internationales. Amnesty International a recensé des exécutions pour de tels faits dans seulement quatre pays : l’Arabie saoudite, la Chine (où les données à ce sujet sont classées secret d’État), l’Iran et Singapour. L’application automatique de la peine de mort dans certains cas, pour meurtre et trafic de stupéfiants, est maintenue à Singapour, contrairement aux garanties et restrictions internationales concernant le recours à ce châtiment.

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