Le refus des autorités vénézuéliennes de prodiguer des soins médicaux à un dirigeant de l’opposition gravement souffrant qui se trouve derrière les barreaux montre jusqu’à quel point elles sont prêtes à aller pour bâillonner la dissidence, a déclaré Amnesty International.
Rosmit Mantilla, membre du Parlement, militant des droits humains et prisonnier d’opinion, devait subir une opération chirurgicale pour de multiples calculs urinaires, des attaques récurrentes de la vésicule biliaire et l’épaississement de la paroi gastrique le 31 octobre. Cependant, en dépit de l’ordre du juge, il a été placé en cellule disciplinaire dans une prison de Caracas. Son état de santé s’est rapidement détérioré depuis.
« Les autorités du Venezuela jouent un jeu très dangereux dans le but de museler toute personne souhaitant s’exprimer sur la situation des droits humains qui se détériore dans le pays. Elles semblent prêtes à pousser des personnes comme Rosmit au bord de la mort à titre de sanction parce qu’elles osent exprimer leurs opinions, a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice des Amériques pour Amnesty International.
« Rosmit Mantilla n’aurait jamais dû être emprisonné. L’empêcher de bénéficier des soins médicaux dont il a besoin de toute urgence est un comble. Le fait que cela se déroule alors que le monde entier a les yeux tournés vers le Venezuela dépasse l’entendement. Si les autorités n’agissent pas, elles auront du sang sur les mains. »
Le fait de ne pas prodiguer de soins médicaux adéquats à des prisonniers peut constituer une violation de l’interdiction absolue de la torture et des autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, notamment aux termes du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), auquel le Venezuela est partie.
Rosmit Mantilla milite en faveur des droits de la communauté gay, lesbienne, bisexuelle, transgenre et intersexuée (LGBTI) et est membre du parti d’opposition Voluntad Popular (Volonté populaire). Depuis son arrestation en mai 2014, il est maintenu en détention provisoire arbitraire au siège des services nationaux bolivariens de renseignements à Caracas.
Il est accusé d’avoir reçu de l’argent pour financer les manifestations anti-gouvernementales qui se sont déroulées entre février et juillet 2014. L’unique élément de preuve semble être un témoignage anonyme.
Amnesty International a pu avoir accès aux charges portées à son encontre et est convaincue qu’aucune preuve crédible ne vient étayer cette accusation. Elle estime que ces accusations ont été portées à son encontre uniquement parce qu’il a exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique.
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