L’organisation s’est entretenue avec des proches des victimes et avec des témoins qui ont vu des militaires de l’AMISOM tirer sur les quatre hommes (trois conducteurs de camion et un chauffeur de cyclo-pousse).
« Il faut que ces homicides effroyables perpétrés par des soldats qui sont censés protéger les civils fassent l’objet d’une enquête approfondie et impartiale au sein de l’AMISOM et que les responsables présumés soient amenés à répondre de leurs actes, a déclaré Sarah Jackson, directrice adjointe du programme Afrique de l’Est, Corne de l’Afrique et Grands Lacs à Amnesty International.
« Il est extrêmement dérangeant que des militaires entraînés à contrer les menaces visant des civils ne sachent pas se maîtriser et s’en prennent aux personnes qu’ils doivent normalement protéger. C’est tout simplement inacceptable. »
« Par ailleurs, il est crucial que les témoins qui se présenteraient pour collaborer à l’enquête soient totalement protégés. »
Ces homicides, qui semblent s’apparenter à des actes de violence routière, ont eu lieu le 6 novembre dans le district de Heliwaa à Mogadiscio, la capitale somalienne. Selon des témoins, des soldats burundais de l’AMISOM ont ouvert le feu à faible distance sur les quatre hommes non armés et les ont abattus.
Les militaires burundais se trouvaient dans un convoi en provenance de Maslah. Ils ont heurté un engin explosif improvisé qui a explosé au moment où ils passaient dans le quartier d’Ex-Control Balaad (district de Heliwaa).
Après l’explosion, ils se sont arrêtés, sont sortis de leurs véhicules et ont abattu arbitrairement les quatre hommes, qui se trouvaient à proximité. Ils ont ensuite bouclé le périmètre pendant une trentaine de minutes puis sont repartis. Trois des hommes sont morts sur le coup et le quatrième est décédé dans un hôpital de Mogadiscio.
Des proches des victimes ont indiqué à Amnesty International qu’il s’agissait de trois conducteurs de camion qui transportaient du sable et d’un chauffeur de cyclo-pousse.
Les quatre corps, qui auraient dû être enterrés le jour même avant le coucher du soleil, comme le veut la coutume, se trouvent à la morgue de l’hôpital de Banadir pendant que les proches attendent que justice soit rendue.
Un membre de la famille de l’une des victimes a expliqué à Amnesty International : « Je demande à l’État somalien de défendre ceux qui ont été tués par l’AMISOM. Nous ne les avons pas encore enterrés et c’est déjà le deuxième jour mais personne ne prend la peine de nous parler, pas même les pouvoirs publics qui sont censés protéger la population. C’est extrêmement injuste et nous réclamons justice. »
Dans un message publié sur Twitter, l’AMISOM a évoqué l’attentat sans mentionner les coups de feu meurtriers : « Un convoi de l’#AMISOM en provenance de Maslah a rencontré deux engins explosifs improvisés ce matin (6 novembre) vers Soqola. La première explosion a endommagé un véhicule de l’AMISOM et causé des blessures légères au conducteur. Le second engin ayant explosé prématurément, il n’a pas occasionné de dégât ni de blessure. »