Somalie. Il faut que les attaques cessent pour permettre de venir en aide à ceux qui en ont besoin

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI

La mort d’au moins 40 membres d’organisations humanitaires ou de défense des droits humains en 2008 et la menace toujours grandissante d’attaques menées par des milices ou des groupes armés accroissent encore le risque de malnutrition et de maladie que courent plus de trois millions de Somaliens, a affirmé Amnesty International ce jeudi 6 novembre 2008.

Dans son nouveau rapport, l’organisation appelle l’attention sur le fait que la violence ciblée contre les pacifistes, les travailleurs humanitaires et les défenseurs des droits humains oblige de nombreuses organisations à suspendre leurs programmes et à retirer leur personnel. Pourtant, la Somalie est plongée dans une très grave crise humanitaire, les Nations unies estimant que quelque 3 250 000 Somaliens, soit 43 p. cent de la population, auront besoin d’une aide alimentaire avant la fin de l’année 2008.

Différentes raisons sont à l’origine de ces violences, notamment l’idée fausse mais très répandue en Somalie que les organisations humanitaires sont des espions à la solde des gouvernements occidentaux.

Ces homicides, ces enlèvements et ces menaces signifient que les membres d’organisations humanitaires et de défense des droits humains ne bénéficient plus de la protection limitée qui leur était accordée en raison de leur statut au sein de la communauté – parce qu’ils distribuent de manière impartiale nourriture et services d’urgence ou défendent la paix et les droits fondamentaux , a indiqué David Copeman, responsable des actions sur la Somalie à Amnesty International.

En effet, les attaques se poursuivent : un employé des Nations unies a perdu la vie dans un attentat à l’explosif le 29 octobre, un ingénieur de l’UNICEF a été délibérément assassiné dans le centre-ville de Hudur le 19 octobre et une militante des droits des femmes a été tuée a Guriel le 25 octobre.

S’agissant des homicides dont les auteurs ont été identifiés, la majorité est imputable aux membres des groupes armés d’opposition, notamment aux milices al Shabab et aux différentes milices affiliées à l’Alliance pour la re-libération de la Somalie (ARS), souvent appelées tribunaux islamiques.

Ces homicides ont aussi été attribués pour partie à des bandes de malfaiteurs et, dans une moindre mesure, aux milices affiliées au gouvernement fédéral de transition ou à l’armée éthiopienne. Les meurtres les plus récents ont été commis par un ou plusieurs tueurs, presque toujours décrits comme ayant entre quinze et vingt-cinq ans. Les menaces sont proférées au téléphone, dans des tracts ou par le bouche à oreille.

Amnesty International engage toutes les parties au conflit en Somalie à cesser ces attaques illégales contre les membres d’organisations humanitaires et de la société civile.

Les dirigeants du monde doivent mettre en place un mécanisme, par exemple une commission internationale d’enquête, afin de faire la lumière sur ces homicides, ces enlèvements et ces agressions, et de traduire les responsables présumés en justice, a préconisé David Copeman.

En outre, les gouvernements donateurs et l’ONU doivent redoubler d’efforts pour établir une distinction claire et transparente entre les secours humanitaires d’urgence, apolitiques, et toute activité politique ou de développement apportant un appui au gouvernement fédéral de transition ou au processus de paix.

Notes aux rédacteurs

Abukar Albadri, défenseur des droits humains et photojournaliste somalien, et Zam Zam Abdullahi Abdi, qui travaille pour la Coalition des organisations populaires de femmes, pourront donner des interviews en relation avec la publication de ce rapport intitulé Fatal Insecurity : Attacks on aid workers and rights defenders in Somalia.

Ils effectueront une tournée de conférences en Europe (Londres, Amsterdam, La Haye, Bruxelles, Stockholm) et en Amérique du Nord (Canada et États-Unis) jusqu’au 4 décembre 2008.

Biographies

Militant des droits humains, Abukar Albadri est un photojournaliste somalien de renom qui met son appareil et sa plume au service de la population somalienne, afin de restituer les souffrances qu’elle endure en raison du conflit. Abukar Albadri s’est donné pour mission de rendre compte par l’image des répercussions de la violence sur les civils, adoptant une position nuancée et impartiale. En raison de son travail, il a été menacé de mort et de représailles par des forces associées au gouvernement fédéral de transition et par les groupes armés qui leur sont opposés.

Abukar Albadri travaille comme journaliste en Somalie depuis dix ans. Il a collaboré en tant que correspondant indépendant avec le Los Angeles Times, l’agence de presse allemande Deutsche Presse Agentur-dpa, l’agence de presse espagnole Agencia EFE et l’agence de presse photo européenne European Pressphoto Agency (EPA). Amnesty International a publié des images d’Abukar Albadri dans le cadre de ses campagnes et, entre autres, dans son récent rapport sur les attaques ciblant les civils en Somalie. Durant la tournée de conférences, Abukar Albadri présentera une large sélection de ses photos les plus parlantes pour que le public puisse appréhender la nature des atteintes aux droits humains perpétrées en Somalie.

Zam Zam Abdullahi Abdi milite en faveur des droits des femmes en Somalie depuis de nombreuses années. Elle est responsable du renforcement des capacités au sein de la Coalition des organisations populaires de femmes, mais aussi présidente de la branche somalienne du Réseau africain pour la prévention et la protection contre l’abus et la négligence de l’enfant. Elle est également responsable de l’équipe chargée de recueillir des données dans le cadre du programme Investigation, documentation, suivi et mobilisation mené par la Coalition.

Dans le cadre de ses activités, elle s’efforce d’apporter aide et soutien aux femmes victimes de violences, domestiques ou liées au conflit armé, à Mogadiscio. En juillet 2008, elle a été contrainte de fuir Mogadiscio, des menaces ayant été proférées contre la Coalition mais aussi contre elle personnellement, parce qu’elle propose un soutien psychosocial aux victimes de violences dans un hôpital géré par la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM). Elle est licenciée en droit musulman de l’université de Mogadiscio, diplômée en gestion des ressources humaines et administration (Cambridge International College) et qualifiée en soutien psychosocial (Organisation psychosociale transculturelle, Ouganda).

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